Grande défenseuse de l’environnement, l’organisation Greenpeace a dévoilé, le 15 octobre, les conclusions d’une enquête qu’elle a réalisée dans l’État de Para, principal exportateur de bois du Brésil. Selon l’ONG, la Belgique, la France, la Hollande et la Suède auraient, de janvier à août 2014, entretenu une relation commerciale directe avec les scieries brésiliennes : Rainbow Trading Importação et Exportação LTDA, Comercial de Madeiras Odani LTDA et Sabugy Madeiras LTDA. Le bois y serait traité et exporté illégalement. Selon Greenpeace, les arbres sont abattus clandestinement dans des lieux isolés de la forêt et le bois exporté comme s’il était d’origine légale vers la Belgique, la Suède, les Pays-Bas et surtout la France, principal importateur du bois brésilien.
Ces révélations provoquent un réel malaise au sein de l’Union Européenne (UE) qui, le 3 mars 2013, s’engageait dans la lutte contre la commercialisation dans l’Union européenne de bois issu d’une récolte illégale grâce à la mise en vigueur d’un règlement sur le bois et ses produits dérivés.
Une illégalité qui rapporte
Si certaines initiatives ont été prises par l’Europe et le Brésil afin d’éviter la pratique d’activité illégale et la dégradation de l’environnement, les observations de Greenpeace sur le terrain sont alarmantes. Selon Jonas Hulsens, chargé de mission “Forêts” pour Greenpeace Belgique, l’échelle de l’abattage illégal est grande puisque 78% de toute la coupe de bois de l’Etat de Para, se fait dans des zones sans autorisation.
Selon Jonas Hulsens, « le bénéfice vaut le risque » pour les acteurs criminels qui continuent à passer entre les mailles du filet à cause d’un système encore trop peu contrôlé. En effet, avec des cartels de plus en plus isolés et organisés, il est difficile pour la police de les empêcher de pratiquer l’exportation de bois illégal qui leur permet d’obtenir des revenus de cinq à dix fois plus élevés que ceux des pratiques légales. La tentation est d’autant plus grande que la demande est forte et le risque faible.
Selon l’étude commune « Carbone vert, marché noir » d’Interpol et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), réalisée en 2012, entre 15% et 30% des volumes de bois commercialisés dans le monde sont donc obtenus de manière illégale. Une illégalité qui représente 50 à 90% de l’ensemble des activités forestières dans les principaux pays tropicaux producteurs. A l’heure actuelle, la valeur du commerce du bois récolté illégalement est estimée à environ 11 milliards de dollars, soit un marché comparable à celui de la drogue, estimé à environ 13 milliards de dollars.
Agir d’urgence
L’abattage et l’exportation de bois illégal ont des conséquences économiques et environnementales sérieuses qui incluent la déforestation de la forêt amazonienne.
Aujourd’hui, selon l’organisation de conservation de la nature WWF, plus de 17,1% de la forêt tropicale amazonienne ont déjà été perdus et près de la moitié de celle-ci aura disparu en 2030 si rien n’est fait d’ici là.