Dans le cadre de notre mémoire en Presse-Info à l’IHECS, nous avons décidé de réaliser une enquête approfondie au cœur du trafic des déchets électriques et électroniques européens vers l’Afrique.
Pas moins de deux tiers des e-déchets sont exportés illégalement sur le continent africain et notamment au Ghana, qui compte sur son territoire la plus importante décharge d’e-déchets d’Afrique de l’Ouest. Ce commerce illégal a lieu alors qu’il est interdit par une législation européenne depuis 1992, la Convention de Bâle.
Comment ce commerce illégal fonctionne-t-il aujourd’hui ? Que mettent en place les autorités belges et européennes pour endiguer ce phénomène ? Quant aux autorités ghanéennes, que font-elles face aux carcasses de déchets qui s’accumulent dans la capitale, Accra ?
C’est pour répondre à toutes ces questions que deux étudiants de notre équipe enquêtent en ce moment à Accra. Les deux autres membres du groupe sont, quant à eux, restés en Belgique afin de pouvoir avancer sur deux fronts : le départ des e-déchets en Europe et leur arrivée au Ghana.
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En espérant que vous apprécierez la lecture de nos aventures.
Juliette Heymans, Johanna-Aline Tong, François Witvrouw, Sébastien Baillet
« Si nous avons choisi « Somewhere Nice » comme hôtel pour loger durant ces deux semaines à Accra, c’est parce que Max, le gérant, nous a directement semblé sympathique. En discutant un peu avec lui sur Facebook, nous nous sommes rendu compte que son établissement était respectueux de l’environnement et qu’il y accordait une très grande importance. Il nous a également parlé de la possibilité de nous emmener une fois dans la décharge d’Agbogbloshie. C’est ce que nous avons fait aujourd’hui.Voilà quelques mois, il s’était rendu dans la décharge et avait promis à quelques travailleurs de leur ramener des tee-shirts la prochaine fois qu’il viendrait. Aujourd’hui était donc l’occasion pour lui d’amener ses cadeaux tout en nous permettant de rencontrer les premières personnes au sein de la décharge.A vrai dire, nous ne nourrissions pas énormément d’attentes quant à cette première venue dans la décharge. Nous avions clairement remarqué qu’il était difficile de sortir nos appareils photo dans la rue. Alors, dans une décharge, nous ne nous faisions pas trop d’illusions.Et bien, nous avons eu tort sur toute la ligne ! Il est vrai qu’à notre passage, tous les regards se tournaient vers nous, certains nous demandant même ce que nous venions faire ici. Cependant, nous avons continué à marcher jusqu’à des longues plaines où il n’y avait presque plus personne. Après cinq petites minutes de marche, nous sommes arrivés aux cases des bruleurs de câbles. C’est eux que Max avait déjà eu l’occasion de rencontrer. A quelques dizaines de mètres, certains d’entre eux étaient rassemblés autour d’un feu qui laissait échapper une épaisse fumée noire.Max nous a directement présentés au groupe de jeunes garçons qui étaient là. Un check avec le poing faisant office de « Bonjour ». Très vite, les présentations sont faites et les hommes nous demandent ce que nous faisons là. Nous leur expliquons le but de notre venue. Encore un peu sur la retenue, ils le prennent tout de même avec le sourire. Max nous désigne un homme qui est le chef de cette section de la décharge. Celui-ci accepte de nous parler et de répondre à nos questions ».
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