Qu’est ce qu’un Bitcoin ?
Bruno Colmant, économiste belge et expert en monnaie, décrit les crypto-monnaies comme « des monnaies basées sur un protocole informatique cryptographié, c’est-à-dire une monnaie protégée par une sorte de clé informatique (un algorithme) qui protège et valide la monnaie. Elle ne peut être générée que par un travail informatique et se présente sous forme de codage, d’où son nom de crypto-monnaie… ».
Le Bitcoin est donc une monnaie virtuelle dont toutes les transactions sont intraçables et anonymes. Il n'y a pas d'autorité centrale ou de propriétaire et le réseau qui fait fonctionner le Bitcoin est basé sur un réseau ouvert (dit opensource : son algorithme est en libre accès).
Bruno Colmant : « cette monnaie restera toujours marginale dans l’économie. Soyons clairs, jamais un travail presté par un ouvrier ou un professeur ne pourra être rémunéré par une crypto-monnaie. L’Etat a le monopole de l’impression de la monnaie et recevra toujours ses impôts en une monnaie qu’il a émise. Les crypto-monnaies ne sont donc qu’une version dématérialisée des pièces ou des billets. ».
Elles échappent à tout contrôle étatique, sont universelles et leurs valeurs, comme toute monnaie, dépend de la confiance que ses utilisateurs lui accordent.
Comment ça marche ?
Aujourd’hui, une transaction en ligne ou par Bancontact s’effectue systématiquement par
l’intermédiaire d’une institution financière. L’utilisateur doit donc s’identifier auprès de sa banque afin de mener à bien sa transaction.
Les crypto-monnaies permettent de supprimer cet intermédiaire et les usagers s’échangent directement leurs Bitcoins
(selon le principe du peer-to-peer). Cela leur permet d’effectuer des transactions anonymement et sans aucune intervention externe, ce qui
diminue fortement les taxes. Des mineurs, des particuliers ou des entreprises vérifient la transaction contre une très faible somme de Bitcoin
et c’est ainsi que le système s’autorégule.
Outre sa portée universelle, le double avantage d’une transaction avec cette devise est donc un anonymat et des frais de transaction très faibles.
Comment en obtient-on ?
Il existe en Belgique une plateforme appelée
Bitplaats. Elle permet d’acheter des Bitcoins après un virement ou une transaction en ligne. Elle crée un portefeuille virtuel appelé wallet, qui peut être stocké de plusieurs manières : soit sur un disque dur, soit en ligne sur un site spécialement dédié au stockage de Bitcoin, soit sous forme d’un QR code sur un papier imprimé.
A noter ici qu’un wallet perdu ne peut être retrouvé. On retiendra ici l’histoire d’un Anglais,
jetant son disque dur alors que celui-ci contenait un portefeuille virtuel avec plus de 7 millions de Livres Sterling.
Celui-ci ne l’a jamais retrouvé. (Voir la face cachée du Bitcoin)
Il est donc important de stocker ses Bitcoins consciencieusement car ici, pas question de remboursement, ceux-ci disparaissant dans la nature.
Où peut-on en dépenser ?
Il est essentiellement utilisé sur internet et des milliers de sites proposent cette option de règlement. Il est possible de recharger
le crédit de son téléphone via Viking Mobile, commander de la nourriture sur pizza.be ou acheter un billet d’avion sur Expédia.fr.
Outre l’offre développée sur la toile, quelques établissements « physiques » sont également passés à l’ère de la devise virtuelle.
Il est possible de régler avec son smartphone dans certains commerces même si, en Belgique, l’offre est relativement faible.
Dans la capitale, on dénombre actuellement un restaurant, une épicerie fine et un café proposant à leur client de payer en Bitcoin.
Dans d’autres capitales européennes, l’engouement général est plus marqué et des villes comme Londres, Amsterdam et Paris
comptent chacune une cinquantaine d’établissements.
Les Belges ne sont pas encore des Bitcoiners confirmés bien que selon le site Pizza.be, plus d’une centaine de commandes sont passées quotidiennement sur leur site, soit
5% des commandes quotidiennes.
Carte des établissements acceptant le Bitcoin
Source : Coinmap.org
Et la loi dans tout ça ?
L’apparition d’une nouvelle technologie contraint systématiquement les autorités à relever de nouveaux défis juridiques.
Aux Etats-Unis, les crypto-monnaies bénéficient d’une législation plutôt tolérante, les législateurs n’ayant pas jugé la monnaie comme une menace potentielle.
En Belgique,
la question a été posée au Sénat en juillet 2013 et le Ministère des Finances a répondu que :
« Bien que le Bitcoin représente un outil potentiel pour le blanchiment d’argent ou d’autres activités illégales,
il ne présente pas une menace pour la stabilité des prix ou le système économique en général. Une intervention du gouvernement
sur le Bitcoin n’apparaît donc pas comme nécessaire pour l’instant. »
Les autorités estiment donc qu’il n’y a pas lieu de légiférer pour l’instant. Cependant, si le phénomène persiste ou prend de l’ampleur,
il sera amené à résoudre le problème, comme nous l’explique Mr. Colmant :
« L’Etat sera attentif à suivre l’évolution de l’utilisation du Bitcoin car il aime avoir le monopole sur la monnaie.
Or, le Bitcoin est totalement décentralisé et il est fait pour échapper aux Etats, ce qui ne leur plaît pas.
Je ne serais pas étonné que des spécialistes soient là pour voir si on peut lancer des virus pour tuer le Bitcoin. ».
La Belgique n’est pas la seule à marcher à tâtons : en général, l’attentisme règne en Europe.
Les gouvernements préfèrent ne pas statuer sur la question, considérant l’utilisation du Bitcoin comme marginale et ne présentant pas un risque pour la stabilité économique.
Dans le reste du monde, la Chine, voyant d’un mauvais œil l’engouement pour la monnaie, a interdit les transactions en Bitcoins dans les plus grandes banques du pays mais n’en a pas totalement interdit son usage. (A noter ici que selon des chiffres officieux, 80 pourcent des treize millions de Bitcoins dans le monde sont détenus en Chine et aux Etats-Unis)
Seuls quelques pays comme l’Islande, soucieuse d’éviter la fuite de ses capitaux depuis la crise de 2008 ou la Russie ont interdit toute transaction en Bitcoin.