« Nous dédions cette victoire à notre ami, J-G Mal-Voy, qui est décédé. Il était le président du club belge Audi. Je pense qu’il nous regarde avec un grand sourire. J’espère qu’il est fier de nous » - André Lotterer
Après une longue bataille, l’Audi n°7 de Benoît Tréluyer, André Lotterer et Marcel Fässler aura fini par l’emporter en catégorie LMP1. Ce n’était pas gagné pourtant. Durant les qualifications, Porsche avait réalisé une excellente performance en plaçant ses trois 919 Hybrid (n°17, n°19 et n°18) aux trois premières places. L’Audi n°7 devait débuter la course en 4e position.
C’était la première fois que Porsche mettait ses trois Hybrid sur la piste. « C’est difficile de fonctionner avec trois voitures, explique Mark Webber, ancien pilote de F1 qui s’est reconverti dans l’endurance en 2014. Cela demande beaucoup d’énergie, ce qui se ressent au sein de l’équipe. Nous sommes conscients qu’il y a encore des domaines que nous devons améliorer, c’est indéniable. »
Les 3 Porsche devancent les 3 Audi et les 2 Toyota sur la ligne de départ. - Photo : Jennifer Dassy
Alors que tout avait bien commencé pour les 3 Porsche, les problèmes se sont très vite enchaînés. Après seulement quinze minutes de course, la Porsche n°19 doit rentrer au stand afin de changer son capot avant, après s’être accrochée avec la Porsche 911 RSR n°91 de la catégorie GT à Pouhon (virage n°10). Le temps des réparations fait reculer la n°19 dans le classement.
Suite à quelques soucis de suspension, la n°17 pilotée par l’allemand Timo Bernhard doit rentrer au stand après moins de deux heures de course. Après avoir pris le volant de la n°17, le Néo-Zélandais Brendon Hartley commet une erreur en coupant la chicane du Bus Stop et écope d’un stop and go. La Porsche n°17 dégringole alors dans le classement pour se placer en 7e position tandis que la n°18 passe en tête.
L'Audi n°7 et la Porsche n°18 ne se sont plus quittées pendant les deux dernières heures de la course. - Photo : FIA WEC
Un combat haletant va alors commencer entre la Porsche n°18 et l’Audi n°7. L’écart ne se creusera plus vraiment entre les deux voitures. A 17h50, André Lotterer prend la tête de la course pour la première fois. S’ensuit alors un chassé-croisé entre les deux voitures avant qu’André Lotterer ne s’impose à la première place : « C’était difficile parce que Porsche était en train de revenir et j’étais dans ma deuxième période. Mais c’est ce pourquoi nous vivons. Une course comme ça, c’est super. » Mark Webber au volant de la Porsche n°17 parvient à remonter dans le classement jusqu’à la 4e position.
Lorsque Benoît Tréluyer prend le volant de l’Audi après quatres heures de course, la Porsche n°18 pilotée par l’allemand Marc Lieb passe en première position. Trente minutes plus tard, l’Audi n°7 dépasse à nouveau la Porsche. « J'ai essayé de le garder derrière moi mais c’était tout simplement impossible. Je n’avais pas d’adhérence dans les virages et j’ai eu quelques difficultés. Mais bien joué ! », indique Marc Lieb. Une heure avant la fin de la course, Benoît Tréluyer est en tête, suivi des Porsche n°18 et n°17. Le classement ne changera plus.
Benoît Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer sur le podium. - Photo : FIA WEC
Timo Bernhard se dit satisfait du résultat : « Le point positif, c’est que nous sommes à nouveau sur le podium. La 3e place est un bon résultat pour toute l’équipe qui a beaucoup travaillé tout le week-end. On aurait aimé rester dans la course pour la première place plus longtemps, entre la n°7 et la n°18, mais nous avons dû changer de capot avant et la suspension nous a retardés. Cela montre que c’est un championnat de haute compétition : si vous avez ne fût-ce qu’un petit problème, cela devient difficile de vous battre pour la victoire. » Si, pour Romain Dumas, pilote de la Porsche n°18, « c’était une bataille équitable, tout comme à Silverstone », il ne compte pas laisser Audi gagner davantage de courses. « Nous allons continuer à attaquer, c’est certain. »
Afin de gagner, le Français Benoît Tréluyer a pris des risques : « Lorsqu’ils m’ont dit que je devrai garder les pneus pour une troisième période à la fin, je me suis dit "Oh non !". C'était notre chance de gagner et j’ai pu prendre des risques et pousser à fond. On a réussi et je suis très heureux pour l’équipe. Ca fait du bien de gagner de cette manière. » Des risques calculés qui sont obligatoires selon André Lotterer : « Notre force se situe dans les virages, contrairement à Porsche pour qui c’est mieux d’utiliser leur force sur les lignes droites. Nous avons plus à perdre, donc nous devons prendre plus de risques. Au final, nous savons toujours ce que nous faisons. C’est délicat mais c’est ça la course d’endurance. Ca fait partie du jeu. »
Benoît Tréluyer sort de l'Audi n°7 pour saluer le public après avoir mené son équipe à la victoire. - Photo : Jennifer Dassy
Avec un total de 50 points, Benoît Tréluyer, André Lotterer et Marcel Fässler devancent désormais de 14 points Porsche dans le championnat. André Lotterer est d’autant plus fier que « ce n’est pas comme si nous étions venus ici en tant que favoris ou que nous étions les plus rapides. Nous avons dû bosser dur, ce qui rend la victoire encore plus savoureuse ». Désormais, le pilote a déjà les yeux rivés sur les 24 heures du Mans, qui reste la plus grande course du championnat.
Quant aux GT, c’est l’Aston Martin Vantage V8 n°99 de Alex MacDowall, Fernando Rees et Richie Stanaway qui a remporté la compétition. « Nous avons mis en place notre stratégie, explique Richie Stanaway. Nous avions analysé notre course à Silverstone pour comprendre où nous avions perdu du temps. Nos arrêts au stand étaient parfaits. Ferrari a fait une erreur et c’est ce dont nous avions également besoin pour gagner la course ».
Alex MacDowall, Fernando Rees et Richie Stanaway sur le podium. - Photo : FIA WEC