Vendredi 4 août 2017. 23 heures. Cadre somptueux de l’abbaye de Floreffe. Le soulman Gregory Porter entre sur la scène “Jardin” d’Esperanzah! et perce le calme monastique de sa voix de velours : « Weight of love on my shoulders. » (Le poids de l’amour sur mes épaules). Pendant 1h30, ses épaules massives supporteront cette charge avec brio.
Tension charnelle
Aux premiers rangs, les fans de l’artiste côtoient les amoureux qui se laissent dompter par le charme soul et jazz du natif de Sacramento. « La classe », lance une jeune femme. « Mais tellement trop », lui répond sa petite amie. Les chansons s’enchaînent : « Hey Laura », « Liquid Spirit », nom de son troisième album sorti en 2013. La tension charnelle monte d’un cran. Trop peut-être.
La théorie du pop corn
Satan, effronté par tant d’amour, se mêle à la partie. Place au vice. Une altercation entre 4 jeunes femmes et une dame plus habituée éclate au deuxième rang. Gregory Porter, lui, reste impassible. « C’est un peu comme être devant un super film au cinéma et avoir des personnes qui mangent du pop corn bruyamment à côté », lâche une amatrice de l’artiste. Pas faux.
« Il est au top. C’est le Barry White de 2017 ! »
Casquette sur la tête, cagoule pour masquer ses anciens problèmes de peau, Gregory Porter vit pleinement sa musique. L’auteur-compositeur de 45 ans bat la mesure de la main droite, bouge la gauche comme s’il jouait d’un instrument : sa voix. Une gestuelle hypnotique. Efficace. Les corps reprennent leur danse tantrique, les passionnés s’embrassent, les plus timides s’enlacent.
Gregory Porter multiplie les hommages aux artistes qui l’ont influencé. Le très soul « What’s going on » de Marvin Gaye, le dynamique « Superstition » de Stevie Wonder, ou encore le jazzy « Nature boy » de Nat King Cole. « Il est au top. C’est le Barry White de 2017 », s’étonne un spectateur. À chacun ses références.
Les pleurs de Satan
Après 1h15 de concert, Gregory Porter s’adresse à la foule : « C’est un super festival avec de superbes personnes. L’amour ne mourra jamais ici. » Et d’entamer sa chanson du même nom : « No love dying. »
La pluie se met soudain à tomber. Sûrement les larmes de Satan, impuissant. Les ardeurs se refroidissent. Grégory Porter quitte la scène en faisant le signe V de la victoire avec ses doigts. Oui, ce vendredi soir, dans l’abbaye de Floreffe, l’archange de la soul a gagné.
Jonathan Hauvel