Si vous habitez à Bruxelles, vous avez probablement reçu une lettre du réseau de quartier Hoplr au début de l’été, vous invitant à vous y inscrire via un code spécifique à votre quartier. Un service à demander ou simplement l’envie de faire connaissance avec votre voisin, c’est désormais possible en toute sécurité via le réseau social local.
Fondée en 2014 par quatre Gantois, l’application Hoplr est gratuite et a pour objectif, selon ce qu’on peut lire sur site, de « mettre l’accent sur l’interaction entre les résidents d’un quartier ainsi que sur l’engagement local ». Aujourd’hui, la plateforme est employée par plus de 120 000 ménages à travers la Belgique et les Pays-Bas, dont 68% l’utilisent chaque semaine et 82% chaque mois.
Le réseau, d’abord lancé dans des villes comme Gand, Malines ou d’autres petites communes de la Région flamande, est en passe de s’étendre au reste de la Belgique et aux Pays-Bas. Il est déjà implanté dans les agglomérations de Bruxelles, de Charleroi et de Liège. Hoplr couvre actuellement les 19 communes de Bruxelles, avec une moyenne de 19 000 ménages inscrits, soit 5% de la population bruxelloise.
Certains quartiers cartonnent, d’autres sont à la traîne
Concrètement, Hoplr permet aux habitants d’un quartier – tel qu’il est délimité par le réseau – d’échanger des objets ou des services, de lancer des initiatives, d’apprendre à connaître ses voisins ou même de rester au courant de l’actualité du quartier. Elle est accessible via iOS, Android et hoplr.com. Hoplr garantit la sécurité du réseau grâce à une vérification de l’adresse des inscrits.
Selon Gaële Poncelet, porte-parole de Hoplr, « il y a des quartiers qui sont très très actifs ». Dans d’autres, la plateforme n’arrive pas à surpasser des groupes Facebook tels que « La Schaerbeekoise ». Pour Françoise, utilisatrice dans la commune de Schaerbeek, « l’idée initiale est bonne, mais à moyen terme, elle tombera dans l’oubli pour beaucoup de quartiers. »
« Parfois, on est face à un quartier de 100 membres qui fonctionne mieux qu’un autre de 600 membres », ajoute Gaële Poncelet. Une des raisons qui explique cette différence de participation entre certains réseaux est la taille des quartiers. Un utilisateur de Hoplr explique que les zones telles que découpées par l’app sont parfois trop petites : « J’habite rue Renkin ; je fais partie du quartier Brabant, jusqu’à la gare du Nord. Mais la zone n’inclut pas du tout la rue Royale ou la Chaussée de Haecht ». Sur son site, Hoplr déclare que les délimitations sont faites en partenariat avec les communes partenaires. Notons que Hoplr compte aujourd’hui une trentaine de clients, parmi lesquels on compte seulement deux communes, celles de Malines et Ostende, ainsi que IVAGO, la société de ramassage des ordures ménagères de Gand. Pas grand-chose à Bruxelles, ni en Wallonie donc. Avec les élections, cette phase de notre développement s’est un peu tassée, déplore Gaële Poncelet.
Vers plus de collaboration avec les autorités locales
C’est justement cette volonté de collaboration avec les communes qui doit permettre à Hoplr de se distinguer. Pour autant que cette collaboration se renforce. Gaële Poncelet s’explique : « la deuxième phase de notre développement est d’entrer en contact avec les villes, communes et services publics afin de pouvoir les amener à entrer en communication et en interaction avec leurs citoyens. Ceci vise à réduire l’écart entre les pouvoirs publics et le citoyen. »
Ce type de collaboration permet à Hoplr d’être totalement gratuit pour les citoyens. Pour les communes qui décident d’y souscrire, il existe un tableau de bord payant qui leur permet de développer une communication de proximité. « C’est vraiment important de le préciser : au niveau de ce business modèle, la commune paie une licence pour que le citoyen profite de la plateforme gratuitement et que nous ne devions pas avoir recours à de la publicité commerciale », explique Gaële Poncelet. Les citoyens peuvent également entrer en contact avec la commune, par exemple en cliquant sur une option qui permettra à l’annonce ou au message choisi d’être visible par la commune.
Bien que Hoplr assure que « les autorités locales ou les services publics n’auront jamais accès aux messages du voisinage publiés sur le réseau du quartier », il semble toutefois que le réseau offre des statistiques par quartiers : « par exemple, ils reçoivent des scores sur certains thèmes tels que la sécurité, la mobilité ou les nuisances. » Gaële Poncelet assure que « la confidentialité est chez Hoplr une priorité. À l’inscription, on demande déjà très peu d’informations. Un nom, une adresse, une adresse mail. Ces informations sont stockées chez nous dans notre base de données et totalement sécurisées. Elles ne seront jamais transmises, ni aux communes, ni à des investisseurs, ni à un autre parti tiers. Et si un utilisateur décide de quitter la plateforme, à la seconde où il supprime son compte, ses données disparaissent avec lui et ne sont jamais conservées. »
Sur son site, le réseau affirme être sans publicité « pour toujours ». Les revenus qui permettent à Hoplr de se financer proviennent en grande partie des communes qui y sont inscrites. En outre, Hoplr en est à sa deuxième campagne de financement, avec laquelle le réseau a récolté 1,15 million d’euros. Ce sont les fonds d’investissement Quaeroq, du groupe Matexi ainsi que The Birdhouse, du groupe Belfius, qui sont à l’origine de ces financements. C’est à l’aide de ces fonds que Hoplr espère se développer dans le sud du pays ainsi qu’aux Pays-Bas.