Aujourd’hui, on compte entre 250 000 et 300 000 enfants soldats dans le monde. Quand un conflit prend fin, vient le temps de la réinsertion. La guerre civile en Ouganda a impliqué l’enlèvement et l’enrôlement de 20 000 à 30 000 enfants, ce qui est un chiffre plus que conséquent. Bien que la guerre se soit terminée en 2006, les derniers enfants soldats n’ont pu s’enfuir qu’en 2008. Des centres de réhabilitation ont été mis sur pied par le gouvernement et quelques ONG pendant quelques semaines afin d’apporter un soutien psychologique à ces enfants. Cependant, c’était loin d’être suffisant.
La majorité de ces ex-enfants soldats ont été rejetés par leur communauté, y compris par leur famille. Tous n’ont pas été amenés à tuer, puisque le terme « enfant soldat » désigne aussi les enfants qui sont utilisés en temps de guerre comme cuisiniers, espions ou encore esclaves sexuels. Même s’ils sont victimes, leur communauté ne veut plus les côtoyer parce qu’ils sont peut-être à l’origine d’assassinats.
Le rejet auquel ces enfants sont aujourd’hui confrontés prend différentes formes : stigmatisation, difficulté à trouver un emploi, opposition au mariage, etc. De plus, les perspectives d’avenir sont réduites étant donné qu’ils ont vécu une longue période de déscolarisation. Souvent utilisés à des fins sexuelles, ils sont nombreux également à avoir contracté le sida. Le district de Gulu, dans le Nord de l’Ouganda où la guerre a été particulièrement rude, possède le taux de suicide le plus élevé du pays.
Un programme de réinsertion
C’est à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre l’utilisation des enfants soldats que l’association WAPA (War-Affected People’s Association) lance sa nouvelle campagne, « Jeanne & Valentin » afin de récolter des fonds pour le financement de programmes de réinsertion des victimes de guerre en Ouganda, et plus particulièrement des ex-enfants soldats. Ravagé par une guerre civile de 1986 à 2006, le pays ne s’est toujours pas remis de ces événements. Les anciens enfants soldats sont encore actuellement stigmatisés et rejetés par leur communauté à cause des atrocités qu’ils ont parfois été amenés à commettre.
L’association travaille avec un partenaire local, Karin Community Initiatives Uganda, qui gère les différents programmes mis en place. Si Solveig Vinamont et Véronique Cranenbrouck, les deux fondatrices de l’asbl, ont choisi de travailler en Ouganda, c’est parce que le pays est relativement stable aujourd’hui. Elles espèrent cependant pouvoir par la suite établir des partenariats semblables en Colombie et au Sri Lanka.
Solveig Vinamont et Véronique Cranenbrouck misent sur des campagnes originales afin de sensibiliser le public belge à une cause qui ne le touche pas directement. En choisissant de mettre en scène des enfants belges qui portent une arme, elles espèrent toucher un public plus large.
→ Voir le spot de sensibilisation “Jeanne et Valentin”
Elles peuvent également compter sur le soutien de l’acteur belge Charlie Dupont, avec qui elles ont travaillé sur leur précédente campagne. D’après lui, : « ces campagnes ont un axe communicationnel différent. La communication frontale ne fonctionne plus. On connaît le problème des enfants soldats, c’est la merde. Mais, aujourd’hui, il faut en parler autrement. C’est ce en quoi elles sont originales ». L’acteur a d’ailleurs prévu de partir avec l’équipe en Ouganda.
Bel article 🙂 et sujet peu traité en général, il faut se diriger sur des journaux type “courrier internationale” ou “le monde diplomatique” pour trouver de tels sujets, qui, faut bien le dire, sont très ignorés par le citoyen. Article informatif pour ma part car je ne connaissais pas ce phénomène en Ouganda.
Par contre, je voulais savoir quel était le sort de ses enfants rejetés ? et quelle était l’action de l’association WAPA de manière concrète sur place ?
Merci de l’intérêt que vous portez à cet article.
Quelques associations agissent sur place pour tenter de changer la situation. C’est le cas de Karin Community Initiatives Uganda, avec laquelle travaille WAPA. WAPA s’occupe de récolter des fonds qu’elle transmet ensuite à l’association ougandaise pour la réalisation de quatre programmes. Le premier consiste à offrir une vache à chaque famille, ce qui permet à ces familles de faire des bénéfices grâce à la revente du lait et de, dès lors, diversifier leur alimentation. Un programme de micro-prêts existe également afin d’apporter une aide financière à toute victime désirant monter un projet. L’association tente également de rendre les soins médicaux accessibles à tous, par la construction de centres médicaux pour les premiers soins. Dernièrement, WAPA a acheté un véhicule qui permet aux patients de rejoindre l’hôpital, qui se trouve à 7 km alors qu’auparavant, ceux-ci devaient marcher jusque-là. Enfin, un dernier programme apporte une aide financière aux ex-enfants soldats pour les études, les médicaments ou les transports. Ce dernier est pourtant à l’arrêt pour le moment, faute de moyens.