Jette, un conseil communal différent
19 h 05, tour de l’hôtel communal. Légèrement en retard, je monte quatre à quatre les marches jusqu’au deuxième étage. Le bourgmestre n’est pas encore là. Je guette la porte, en attendant son arrivée. Une voix retentit : le conseil commence. Sans Hervé Doyen.
Hervé Doyen arrive quelques minutes plus tard et me glisse en rigolant « L’avantage d’avoir un président du conseil, c’est que je peux même arriver en retard ! ». En effet, depuis 2013, c’est un président extérieur au collège communal qui dirige les conseils communaux de Jette. Une initiative qui vient de quelques députés, dont Hervé Doyen lui-même, pour assurer plus de démocratie au sein des assemblées communales. Selon lui, rien de plus logique : « C’est comme si je vous disais que Charles Michel dirigeait le parlement. Personne n’accepterait ça. Un bourgmestre qui préside son propre conseil communal, c’est exactement la même chose, à une échelle plus locale. » Un cas de figure qui posait beaucoup de questions, notamment au sujet de la séparation des pouvoirs.
Une position délicate
Et le bourgmestre était bien placé pour lancer cette proposition. Déjà bourgmestre à l’époque, depuis plusieurs années, il devait alors assumer également la présidence du conseil. Il se souvient : « Je devais prendre une attitude parfois schizophrène : être neutre et donner la parole à des personnes en désaccord avec moi, ensuite prendre la parole en tant que président du conseil, pour ensuite, redevenir bourgmestre et répondre. Maintenant, je suis le bourgmestre et quand je vais au conseil communal, je n’ai que cette position. » En désignant Pierre Dewals comme président de l’assemblée, le bourgmestre était réellement soulagé. « Je suis beaucoup plus libre dans mes paroles, sans me guinder. »
D’autant plus que cette double casquette engendrait parfois des tensions. « Un président d’assemblée doit policer le conseil, donc gérer les temps de parole », explique le bourgmestre. « Il faut donc couper les différents intervenants, s’il dépasse le temps imparti. En tant que bourgmestre/président, on peut vite basculer dans une position autoritaire, où on a les pleins pouvoirs, sans que personne ne gère le temps de parole… »
Plus de sérénité dans les débats
L’initiative séduit également les membres de l’opposition, comme Sellam El Ktibi, conseiller communal et vice-président du PS de Jette. « C’est vraiment une bonne chose pour les débats. Depuis que ça a été mis en place, tout se passe vraiment bien lors de nos assemblées. Il y a plus de sérénité »
À Bruxelles, plusieurs communes comme Berchem et Molenbeek ont opté pour un président de conseil. Pourtant, Hervé Doyen le regrette, beaucoup de bourgmestres préfèrent continuer à assumer les deux rôles. « Certains veulent avoir tous les pouvoirs et continuer à tout contrôler. Ce n’est pas ma vision des choses. »
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