Il y a trois ans, une dizaine d’étudiants bruxellois ont décidé de lancer Artishirt, une mini-entreprise qui a commercialisé des t-shirts 100 % écolo, de la production au packaging. Loin l’idée de faire du marketing à travers l’écologie, Samon Van de Velde, étudiant de 21 ans à la KUL, est poussé par ses convictions : “Nous vivons dans un monde où les entreprises doivent faire attention à leur empreinte écologique. Sachant que la planète se porte mal, notre principal objectif était de nous focaliser sur l’écologie et de se mettre au vert à cent pour cent.”
Communiquer vert, c’est tendance
Comme Samon Van de Velde, des mini-entreprises, des start-up et des incubateurs ont parié sur l’entrepreneuriat durable. Que ce soit dans la création d’entreprises, la communication ou l’aide au développement, cette tendance prend une place croissante dans la capitale européenne.
Pour se faire connaître, ces jeunes entreprises en quête de changement peuvent frapper à la porte de Knock Knock Prod. L’entreprise de communication ne met en lumière que des projets environnementaux innovants. “Ce que nous croyons sincèrement, c’est que c’est par le biais de tous ces projets citoyens que s’amorcera un véritable changement sociétal, local et durable. On peut dire qu’à notre échelle on tente de contribuer à des changements divers”, explique Sarah Lenoir, co-initiatrice du projet avec Laetitia Tintinaglia.
“Depuis les années 2000, le nombre de mini-entreprises qui se focalisent sur l’environnement a nettement augmenté”
Frédéric Mesmaeker fête ses 20 ans d’ancienneté au sein de l’ASBL Les jeunes entreprises (LJE). Il est coordinateur de projets et a vu passer sous ses yeux des centaines de mini-entrepreneurs. “Depuis les années 2000, le nombre de mini-entreprises qui se focalisent sur l’environnement a nettement augmenté. Et il grandit de plus en plus au fil des ans, même si le durable reste minoritaire.” Selon lui, quand les jeunes se lancent dans cette démarche, c’est le résultat de leurs convictions. Ce n’est pas seulement pour l’argent. Faire du commerce durable ne rapporte pas plus. Ce qui est essentiel pour être rentable, c’est la manière d’entreprendre : “Tu peux avoir le meilleur produit du monde, durable, vert, local, mais si tu n’es pas un bon vendeur, tu n’arriveras à rien !” L’ASBL refuse d’influencer le projet de ces jeunes qui se lancent dans l’aventure. “S’ils ne veulent pas faire du durable, on les laisse faire. C’est leur projet”, précise-t-il.
“Les gens pensent d’abord à leur portefeuille avant de penser à la planète”
Même s’il a vu la tendance à se mettre au vert augmenter pour les mini-entreprises, Frédéric Mesmaeker ne pense pas que le marché durable sera dominant d’ici 2030. Selon lui, l’économie durable ne se base pas uniquement sur des convictions, mais également sur le profit que peut ramener cette tendance verte. “Il faut être vendeur et rentable. Mais le bio par exemple, ça coûte cher. Les gens pensent d’abord à leur portefeuille avant de penser à la planète. On n’aura jamais un marché 100% vert.” D’après lui, le local prendra une place plus importante que le durable sur le marché ces prochaines années.
Les compétences mises en avant par LJE sont notamment la confiance, l’esprit d’équipe, la créativité, la responsabilité. Par contre, au fil des semaines, chaque mini-entreprise peut décrocher un label, à condition de remplir certains critères. Et depuis plus de dix ans, en partenariat avec l’entreprise Group One, l’ASBL a créé son écolabel, qui rencontre un franc succès chaque année.
Les écolabels fleurissent dans la capitale
Clé Verte, Entreprise écodynamique, EMAS, ISO 14001 sont autant de labels décernés par la ville de Bruxelles comme reconnaissance d’un système de gestion environnementale d’une entreprise. Une belle vitrine et de quoi encourager les jeunes entrepreneurs à innover durablement. “Dans dix ans, nous sommes convaincues que l’impact environnemental, local et sociétal sera devenu une évidence pour la plupart des entreprises”, expliquent Sarah Lenoir et Laetitia Tintinaglia, confondatrices de Knock Knock Prod.
Greenbizz, une serre pour projets durables
Pour Greenbizz, un incubateur bruxellois qui propose aux start-up des infrastructures et des services pour développer leurs projets liés à l’environnement, le développement durable occupera une place importante dans le monde entrepreneurial dans les dix années à venir. “Le changement vient de la jeunesse, bien plus conscientisée aux problèmes environnementaux qu’il y a vingt ou trente ans”, explique le directeur Jean-Marc Bryskere. Selon lui, l’innovation vient également davantage de jeunes qui sortent des universités. “Après avoir réalisé un doctorat, ils ont envie de concrétiser leurs idées !”
“Le greenwashing n’a pas sa place dans nos bâtiments !”
Trente-sept entreprises louent actuellement les locaux et ateliers de production de Greenbizz. Pour y accéder, elles ont dû faire valider leur dossier auprès d’un comité de sélection qui filtre les demandes et refuse ainsi toute société ayant l’air de vouloir surfer sur la vague du durable. “Le greenwashing n’a pas sa place dans nos bâtiments !” martèle le directeur. Ainsi, sur plus d’une vingtaine de demandes par an, Greenbizz en refuse plus d’un tiers.
Pourquoi nous avons voulu traiter ce sujet
Bercés par les discours alarmants sur l’environnement, nous avons voulu nous intéresser à l’économie de demain. Pensant que les jeunes et leur sensibilité pour l’environnement sont les clés d’un monde meilleur, nous nous sommes interrogés sur les initiatives existantes pour un Bruxelles plus durable en 2030.