15
Nov
2016

Portrait d’une jeune femme prête à relever le défi d'une plateforme éducative dans le monde arabophone.

SEJAAL, le projet éducatif de Khadija Hamouchi

Portrait d’une jeune femme prête à relever le défi d'une plateforme éducative dans le monde arabophone.

15 Nov
2016

Khadija Hamouchi : itinéraire d’une Belge dans la Silicon Valley

Mercredi 2 novembre, je me connecte sur Skype afin d’en savoir plus sur Khadija Hamouchi : une Belge qui a posé ses valises en Californie, dans la Silicon Valley, afin de développer une plateforme éducative nommée « SEJAAL » dans le monde arabophone. Cette nouvelle voisine de Facebook, Twitter et bien d’autres est motivée par l’envie de partager et de voir l’entrepreneuriat évoluer. Lors de notre entrevue en ligne, elle m’accueille avec un grand sourire : « bonjour » ou plutôt « bonsoir » (le décalage horaire nous excusera). J’ai voulu en apprendre davantage sur son parcours, sur l’initiation de son projet, ainsi que sur l’accomplissement du prototype de sa plateforme.

L’ambition avec un grand A

Khadija a réalisé la plateforme SEJAAL

Khadija a réalisé la plateforme SEJAAL

Khadija, c’est une jeune femme naturelle qui déborde de curiosité et d’ambition. C’est le 23 juillet 1990 à Etterbeek que Khadija voit le jour. Elle vit jusqu’à ses 20 ans à Molenbeek. Après avoir étudié la littérature et la linguistique germaniques (néerlandais-anglais) à l’Université de Saint-Louis, elle désire prendre ses distances par rapport à la méthode pédagogique qui prône le « par cœur », tant répandue en Belgique. Malgré la très bonne qualité des cours, l’étudiante débrouillarde et passionnée préfère s’orienter vers un apprentissage pratique, encadré par une réflexion approfondie. Elle part alors étudier à Londres dès la fin de son bachelier, pour y suivre un master en éducation, « Culture, language and Indentity », au Goldsmiths College. C’est avec une note de A* (la plus grande distinction) qu’elle clôture ses deux années de master. La jeune femme assoiffée de savoir, souligne : « Je m’estime chanceuse et privilégiée d’avoir pu étudier dans plusieurs grandes écoles ».

Tout commence par une idée 

Tout commence en juin 2014 durant un séjour de trois mois en Égypte, où elle observe une jeunesse débrouillarde. Petit à petit, elle réfléchit au système éducatif local et une vision de changement lui vient à l’esprit : ces jeunes doivent être mis en valeur et encouragés dans leur démarche d’apprentissage, via une plateforme en ligne. L’embryon du projet SEJAAL est né.

Son idée lui permet d’être sélectionnée en tant que Jeune Leader au World Islamic Economic Forum en mars 2015. Elle s’intéresse ensuite au business, au leadership et à l’innovation et finit par intégrer l’université de Stanford pour y suivre les cours adéquats et en être diplômée.

SEJAAL : L’application mobile au cœur de l’enrichissement culturel

Telle qu’elle se présente aujourd’hui, la plateforme SEJAAL intègre de la vidéo, des cours en ligne (e-learnings cursus), des articles et des podcasts en anglais, français et arabe. Elle les agrège et les distribue personnellement en fonction de ce que l’utilisateur désire apprendre, de son parcours ainsi que de son choix de carrière professionnelle. La plateforme permet de répondre à la demande de ces jeunes tout en leur donnant de la visibilité. Interrogée par Skype, alors qu’elle développe SEJAAL dans la Silicon Valley, Khadija argumente : « leur enseignement universitaire étant qualitatif, l’optique est d’apporter une information différente et de qualité ».

Afin d’aiguiser son projet, Khadija décide de partir explorer le monde arabe, tout en s’infiltrant dans le mode de vie de ses habitants : « J’échangeais avec les jeunes à travers des trajets en bus entre autres. Je voulais comprendre comment les populations arabes, et plus précisément les jeunes, vivent ». 

« Le jeune doit être empowered »

Elle comprend que l’un des défis importants pour la jeunesse arabe réside dans l’accès au marché de l’emploi. Étant donné un énorme taux de chômage (30%) dans ces régions, les utilisateurs de SEJAAL pourront se montrer actifs afin d’augmenter leur niveau de compétence et donc leurs chances sur le marché. Elle ajoute : « Cette plateforme voudrait rendre ces profils accessibles à des employeurs potentiels désireux d’engager des stagiaires ou des postes juniors ». Les utilisateurs en quête de travail se verront attribuer plusieurs échelons en partant du stade « débutant ».

Khadija cherche avant tout à avoir un impact social tout en créant du capital. « On souhaite leur offrir de nouvelles possibilités, soutenir leur créativité, leur potentiel et les encourager à devenir entrepreneurs ou à rejoindre des initiatives existantes. Le jeune doit être empowered ».

Internet est omniprésent dans les grandes villes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et les jeunes y sont tout le temps connectés. Cependant, la 3G a un coût et Khadija ne voulait pas que cette contrainte limite l’accès à sa plateforme. C’est pourquoi l’application bénéficiera d’un modèle en deux niveaux : freemium et premium avec du online et du offline.

« Pour pouvoir créer ce projet SEJAAL, j’ai reçu sept reconnaissances internationales, sept awards. »

Souhaitant concrétiser son projet éducatif, la jeune femme se retrouve sur tous les fronts : « J’ai été prise en tant que Jeune Leader de l’éducation par la fondation du Qatar en octobre 2015 ». Un mois après, elle remporte l’African Entrepreneurship Award 2015 à Marrakech. Elle est aussi sélectionnée pour participer, de mai à juillet 2016 à The Do School Innovation lab à Berlin afin de tester la viabilité, la nécessité et la réalisation de son projet, encadrée par des professionnels. C’est précisément en octobre 2016 que Khadija cesse de travailler en tant que professeur de langues et se consacre pleinement à son projet. C’est ce qui la mènera dans la Silicon Valley pour développer et peaufiner son projet SEJAAL.

Alors à Silicon Valley comment ça se passe ?

« Extrêmement bien, d’ailleurs la première chose que j’ai faite en arrivant ici c’est de me connecter à tous les entrepreneurs belges qui y sont, j’étais tellement heureuse ».

En tant que nouvelle voisine des plus grandes applications, la jeune femme reste admirative face à leur savoir-faire, leur savoir-être et leur savoir penser, ils sont inspirants et accessibles.

Khadija a pu recruter des conseillers et approfondir son modèle commercial et sa stratégie marketing, étant donné l’avance technologique en Californie. En arrivant sur place, la jeune femme s’est fixé quelques objectifs : « je voulais trouver un partenariat ou une fondation, approfondir mon modèle commercial (au niveau économique et commercial), construire un prototype interactif et trouver un cofondateur. » Mission accomplie pour notre jeune compatriote.

C’est en exclusivité et le visage pétillant que la joyeuse Khadija l’annonce : « je vais être mentorée par Tom Chi, l’une des personnes qui a travaillé sur Google X et Google Glass, ce dernier va m’accompagner dans le développement et dans le testing du prototype. » Mais l’aventure est loin de se clôturer pour la jeune Belge. Entre décembre 2016 et janvier 2017, elle se donne pour mission d’aller visiter 10 pays arabophones afin de tester son prototype auprès des utilisateurs.

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