Bâclé, brouillon, peu réfléchi… L’avant-projet de décret réformant le secteur des soins infirmiers répond certes à une demande de l’Europe. Mais il semble inacceptable pour les syndicats infirmiers et les associations d’étudiants de la Fédération des Etudiants Francophones (FEF) et de l’Union des Etudiants de la Communauté Française (UNECOF). Fanny Willième est particulièrement touchée par les négociations. Etudiante en 2ème année à l’Institut Supérieur Soins Infirmiers Galilée (ISSIG) et présidente du conseil étudiant de la Haute-Ecole Galilée (CEHEG), elle ignore encore de quoi sera fait son futur. Rencontre.
Quelle est la situation actuelle de la Belgique en ce qui concerne la formation en soins infirmiers ?
En Belgique, la situation est inédite car il existe deux types de formation. La première est une formation en enseignement secondaire technique et forme des infirmiers brevetés, cette option privilégie l’aspect pratique. Elle est uniquement disponible en Belgique avec une possibilité d’équivalence à l’étranger, ce qui attire beaucoup de français. La deuxième est une formation en haute-école en 3 ans et forme des infirmiers bacheliers. Les diplômes obtenus sont relativement semblables bien que les étudiants ne reçoivent pas le même apprentissage.
Quelles sont les demandes de l’Europe en ce qui concerne la formation ?
Elle a demandé à ses pays-membres d’augmenter le nombre d’heures de cours en Bachelier afin d’intégrer de nouvelles compétences. Et pour permettre ce niveau en Belgique, il faudrait passer le cursus de 3 à 4 années d’études. Ce passage nécessite néanmoins beaucoup de changements et les ministres sont en désaccord sur la marche à suivre.
Quelles sont les positions francophones et flamandes à ce sujet ?
Les francophones souhaiteraient transformer la filière brevetée pour en faire un « entre-deux », entre le statut d’aide soignant et d’infirmier, une sorte d’auxiliaire infirmier donc, ce qui correspondrait de façon plus adéquate à la différence de niveau. Les flamands souhaitent, eux, garder les deux filières et faire reconnaître officiellement le statut breveté, si pas au niveau européen, au moins au niveau national. C’est ce point de vue qui est étayé dans l’avant-projet de décret. Avant, ils étaient d’accord avec les francophones, mais les lobbys des écoles brevetées en Flandre ont fait pression.
Qu’est ce qui serait mis en place dans cette quatrième année ?
L’idée de Maggie de Block (qui a réalisé l’avant-projet) serait d’instaurer un stage rémunéré de six mois en hôpital sans suivi des professeurs. Cependant, nous, étudiants, voyons cela comme une manière d’avoir une main-d’œuvre facile et bon marché. Personnellement, je verrais bien un stage suivi et non-rémunéré dans l’établissement de notre choix avec toujours un quotas d’heures à l’hôpital. Cela permettrait de construire un projet professionnel avec une spécialisation qui nous intéresse.
Passer en quatre ans, c’est aussi augmenter la qualité de l’enseignement, cela permet de consacrer plus de temps au travail de fin d’études dont le niveau général est assez médiocre pour le moment. Il y a trop de travail en 3ème année que pour pouvoir faire vraiment mieux. Le but à long terme du décret est également que les infirmiers puissent prescrire des médicaments, il faut donc que la formation puisse suivre.
Dans les négociations, les syndicats et associations d’étudiants sont-ils écoutés ?
Absolument pas ! C’en est scandaleux. Un vent de contestation se lèverait sûrement si l’avant-projet devenait un décret. Nous craignons d’ailleurs qu’il ne soit voté durant les examens de juin, pour éviter toute contestation. Il ne faut pas aller dans l’intérêt économique, mais bien dans l’intérêt de la société. Les infirmiers brevetés sont en effet payés moins que les bacheliers, avec un diplôme semblable. Mais le niveau n’est pas le même. De façon logique, un patient sera mieux soigné par un infirmier bachelier que par un infirmier breveté. Il en va donc aussi de la santé des Belges !
De plus, les négociations sont très en retard. La Belgique va devoir demander un délai pour la réforme. Même si cela fait trois ans que l’Europe a demandé à faire ses changements, les discussions ont commencé il y a à peine six mois. Et comme le gouvernement ne semble faire que ce qui l’arrange, surtout économiquement, et n’écoute même pas les gros syndicats infirmiers, les négociations risquent de prendre encore un moment. Avec la rentrée académique dans quelques mois, le cursus des futurs étudiants est plus qu’incertain.
Propos recueillis par Odile Vanhellemont
(étudiante en bachelier de communication appliquée à l’IHECS)
Bonsoir, je suis infirmier breveté depuis plus de 25 ans.
Mon avis, est qu’en Belgique il ne devrait y avoir qu’un seul type d’infirmier déjà. C’est une ineptie de continuer avec des infirmiers et des sous-infirmiers qui sur le terrain font exactement la même chose. Quand à dire que le niveau entre les deux est différent, permettez moi d’en douter. Je travaille en tant qu’infirmier depuis 25 ans et je peux affirmer qu’après 1 ou deux ans de travail dans un service cette différence de compétence est imperceptible. Il y a une différence sur le papier, mais seulement sur le papier.
Arreter de toujours réduire les compétances des infirmiers brevetés. Je connais beaucoup de brevetés qui sont sur le terrain beaucoup plus compétent que des bachelier.
Le gouvernement est en train une nouvelle fois de faire tout à l’envers. Comme tout le reste. Tant que ce qu’ils ont en poche fin du mois reste le même, ils se foutent des autres.
[…] blog Bxlbondyblog a donné la parole à une étudiante qui soulève des points précis et souligne le manque de […]
Un exemple de grande différence entre les rôles linguistiques.. Les infirmières brevetées et graduées sont engagées au ministère de la justice en Flandre tandis qu’en Wallonie Bruxelles ne sont engagées que les graduées d’où la très grande différence quand il s’agit de proposer des emplois. La pénurie se fait bien sûre ressentir en Wallonie Bruxelles.
Sans oublier le coût de cette année supplémentaire pour la famille tout d’abord, pour l’étudiant qui rentre avec quatre au lieu de trois ans, que va t il se passer alors qu’on risque de perdre ces années lors du calcul de pension? Pour la société? Que gagne t on au niveau salarial? Y a t il une différence entre les deux parcours qui passe de 3 à 4 ans?
Pourquoi n’avoir pas fait passer le titre a un niveau plus élevé?
Prescription de médicaments? Les médecins ne laisseront jamais passer, une modification des actes infirmiers est nécessaire de même que la création d’un conseil de l’ordre infirmier.
Je suis infirmier et depuis les années 1975-1976 , on parle de “réforme” ! Comment est-il possible d’avoir déjà créé deux catégories d’infirmières (unique en Europe) ? C’est d’un ridicule , digne des “politiciens” de chez nous , tous des ignares de ce qui se déroule sur le terrain ! Ce qu’il faut faire , c’est ne plus faire qu’une seule catégorie d’infirmière , que ce soit en 3 ou en 4 ans ! Les reste serait une spécialisation , comme pour un médecin qui en choisit une . Assimiler qui doit l’être en fonction de l’ancienneté (pour les plus “jeunes” , une “passerelle” afin d’éliminer cette idiotie de division ! enfin , m’inscris contre le fait de prescrire des médicaments ; c’est le rôle du médecin ! Quant à l’idée de réduire l’infirmière brevetée à une “aide iinfirmière” , c’est un SCANDALE , une HONTE pour qui a étudié et a soigné ! la Ministre devrait plutôt être elle une “aide Ministre” ! Infirmière brevetée , si l’on touche à la valeur de votre diplôme , REVOLTEZ-VOUS , et PORTEZ PLAINTE devant cette discrémination inacceptable !