Mahatma Gandhi disait « La vie sans religion est une vie sans principe et une vie sans principe est comme un bateau sans gouvernail. » Il ne croyait pas si bien dire. Cent ans plus tard, l’humain a toujours besoin d’être guidé par un capitaine, de prier, de se confesser. Les pratiques semblent cependant avoir évolué. Annoncé sur le déclin, le culte ne baisse donc pas pavillon, mais a amorcé une évolution progressive, étayée par l’avènement des nouvelles technologies.
Il existe, effet, aujourd’hui des applications dédiées à la religion, qui permettent de localiser des lieux de culte, de lire un des livres sacrés ou d’écouter des prêches. De réelles communautés se sont créées depuis les débuts d’Internet. Selon Andrea Catellani, professeur de communication religieuse : “Il y a certainement eu une évolution depuis les années 50. Aujourd’hui, plusieurs modèles coexistent. Un modèle plus communautaire avec des gens qui participent à la paroisse ou à des associations, ainsi que des gens qui sont plutôt dans des pratiques individuelles, sur mesure. Internet est là pour offrir des solutions pour ce type de pratique.“
Les traditionnels lieux de culte en voie de disparition ?
La révolution numérique a, en effet, profité à tous les cultes qui ont su se renouveler. Plusieurs applications et sites web se sont développés pour faciliter la vie des croyants. Parmi eux, Ephatta, sorte de couchsurfing religieux. Le site permet à des voyageurs d’entrer en contact avec des locaux et d’être hébergés sur leur route de pèlerinage. “On voulait recréer cette hospitalité, qui est une vertu universelle – et très présente dans la religion catholique – et qui se perd dans les sociétés modernes. Le but étant de permettre à des personnes de se rencontrer et de partager des valeurs communes. Aujourd’hui, nous avons plus de 13.000 utilisateurs, un chiffre qui grimpe d’un millier chaque mois” confie Thomas Teilhet, un des co-fondateurs de la plateforme. Un signe que la demande est bien réelle.
Une question se pose face à la multiplication des applications mobiles : des espaces virtuels pourraient-ils, à terme, et toutes religions confondues, se substituer aux traditionnels lieux de culte ? Pas sûr. Yassine, pratiquant depuis son enfance nous confie : “Je les considère comme un plus, mais ce n’est pas parce que j’ai une application que je ne vais plus aller à la mosquée.”
Preuve en est, les mosquées restent, abondamment peuplées. Prier en communauté est une des valeurs inculquées par la religion musulmane. « Une prière faite à la mosquée vaut plus qu’une prière réalisée à la maison » note Yassine. La religion musulmane garde donc une place importante au sein du paysage religieux bruxellois. S’il n’y a pas de recensement officiel en Belgique, un sondage de l’observatoire des religions et de la laïcité montre que près de 23% des Bruxellois se déclarent musulmans. Un chiffre en constante hausse depuis plusieurs années.
e privé : “On peut appeler ça de l’individualisme, une pratique religieuse plus bricolée, on va pêcher à différents endroits. À mon avis, ce qui va rester, ce sont des appartenances très choisies” renchérit l’expert.
À l’entendre, d’ici 2030, ces appartenances religieuses pourraient être plus fragmentées et construites à la demande de chacun. On piocherait donc des valeurs, une culture religieuse plus qu’une véritable idéologie. L’heure de la prière 2.0 est bel et bien enclenchée. La religion à Bruxelles est loin d’avoir sussuré sa dernière prière.