03
Jan
2015

Une mauvaise utilisation des antibiotiques et leur surconsommation sont les principales causes du développement de résistances.

Une mauvaise utilisation des antibiotiques et leur surconsommation sont les principales causes du développement de résistances.

03 Jan
2015

La surconsommation rend les antibiotiques inefficaces

Cette année, la journée européenne pour la mise en garde du bon usage des antibiotiques a rappelé un problème inquiétant : les traitements de pneumonies, de gonorrhées et de certaines infections urinaires posent de plus en plus problème. La raison : les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. Les plus alarmistes parlent d’un retour à l’époque moyenâgeuse, où la maladie vaincra le médicament. Si ce schéma catastrophique n’est pas encore une réalité en Belgique ; il pourrait menacer le pays, qui est l’un des plus grands consommateurs d’antibiotiques.

La surconsommation : un problème d’éducation en Belgique

C’est la surconsommation et la mauvaise utilisation des antibiotiques qui sont les principales causes du développement de résistances. Les bactéries sont des organismes dotés d’une forte capacité d’adaptation et développent des mécanismes de défense contre les antibiotiques qui deviennent inefficaces. En Belgique, on a tendance à les prescrire quand cela n’est pas nécessaire. « Les clients font souvent pression pour être guéris vite, et insistent pour prendre des antibiotiques. » affirme un médecin. S’il n’est pas inquiet pour l’avenir et a confiance en la recherche, il reconnaît la réalité de la résistance des bactéries. Ce qu’il dit aussi, c’est que les « directives, en Belgique sont molles. La mise en application des règlementations sur les antibiotiques est peu suivie et pas assez ferme. Il y a peu de contrôles. » Ce qui pourrait expliquer la différence de consommation avec notamment les Pays-Bas qui se trouvent parmi les consommateurs les plus réservés, alors qu’ils ont le même climat que la Belgique, et donc le même risque de développer des pathologies.

Une mauvaise utilisation dans les pays pauvres

Dans beaucoup de pays pauvres, les antibiotiques sont achetés en dehors des pharmacies. Ils sont donc utilisés à une échelle beaucoup plus grande et souvent à des doses trop faibles pour être efficaces. En conséquence, les bactéries les plus « faibles » vont être éliminées, et les plus résistantes perdurer et se transmettre.

Cette situation inquiète l’Europe, car sa population voyage de plus en plus dans ces pays où la résistance est élevée. Les voyageurs pourraient être mis en contact avec ces bactéries résistantes et donc devenir porteurs et les « importer » en Belgique. Ce fut notamment le cas avec l’importation il y a quelques années en Angleterre des bactéries MDM1 venues d’Inde, qui produisaient une enzyme résistante à tous les antibiotiques. Si de telles bactéries se répandent en Belgique, elles seront mortelles.

L’agriculture en partie responsable

Les éleveurs de bétail « gavent» les animaux d’antibiotiques de façon systématique. D’abord à titre préventif pour bloquer l’apparition de microbes. Mais aussi parce que certains antimicrobiens ont la réputation (fausse) de favoriser la croissance des animaux. Et les bactéries, qui s’adaptent aussi bien via les animaux, deviennent plus résistantes chez l’Homme. C’est ce qui a été à l’origine de salmonelles bio-résistantes qui ont entrainé des décès humains.

Un problème loin d’être résolu

« L’idée qu’on essaye de développer est de, plutôt que tuer la bactérie, agir sur sa virulence en bloquant l’action des toxines. La bactérie donc va rester là, mais sera non toxique, et on pourra espérer que le développement de la résistance sera moins rapide », explique Françoise Van Bambeke, partenaire principale d’un centre de recherche. Si la proposition semble pertinente, elle est difficile à mettre en œuvre. Il est en effet extrêmement difficile de trouver des molécules qui soient efficaces et non toxiques. Le problème est aussi que le développement d’antibiotiques n’est pas la priorité des entreprises pharmaceutiques aujourd’hui. Elles considèrent cette activité comme non rentable. Les entreprises seront donc plus enclines à développer des recherches sur des médicaments contre le diabète ou l’hypertension. Des traitements qui sont d’autant plus rentables qu’ils sont souvent prescrits à vie.

Conscientiser la population est indispensable

« Il est primordial aujourd’hui qu’au niveau mondial, il y ait une attitude commune prise par l’ensemble des autorités publiques pour préserver l’utilité des nouvelles molécules qui arrivent sur le marché. » La surconsommation est une réalité qu’il faut changer. « Il faudrait prescrire les antibiotiques à meilleur escient qu’on ne le fait maintenant», dit une pharmacienne. Et la conscientisation doit se faire aussi bien au niveau des médecins que des patients, des pharmaciens et des agriculteurs. « Il faut être vigilant, conscientiser les gens qu’on ne doit pas prendre des antibiotiques à tout bout de champ. »

 

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