L’exploitation sexuelle n’est pas la plus importante dans la traite des êtres humains, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Aujourd’hui, le nombre de victimes de l’exploitation économique est plus important que le nombre de celles souffrant d’abus sexuels. En effet, 90 personnes victimes d’exploitation économique ont bénéficié d’un accompagnement dans un centre spécialisé dans l’aide aux victimes de la traite des êtres humains, alors que seulement 42 personnes qui ont subi des abus sexuels ont eu droit à un suivi.
Ces exploités sont parfois sous votre nez : aux toilettes d’un restaurant, dans un fast-food ou encore lorsque vous faites nettoyer votre voiture. C’est ce qui ressort du rapport annuel du Centre Fédéral Migration rendu public le 16 octobre 2014. A noter que plus d’une victime sur deux est un homme dans le cadre d’une exploitation d’ordre économique.
Le document précise aussi les secteurs où l’exploitation des personnes est le plus susceptible de se produire : le monde de la construction, le secteur du nettoyage, les centres de lavage pour voitures, l’horeca et le commerce de détails.
En Belgique, il existe trois centres spécialisés dans l’accompagnement des victimes, souvent d’origine étrangère, financés conjointement par le gouvernement fédéral et les entités fédérées. A Bruxelles, le centre Pag-Asa s’occupe d’encadrer et de rendre l’espoir aux personnes en difficulté.
Redonner l’envie de vivre
Sarah De Hovre, la directrice du centre d’accueil Pag-Asa, précise qu’il n’est pas aisé de travailler avec des personnes vulnérables et en perte de confiance. Mais c’est là que se trouve le défi : redonner l’envie de vivre.
Elle a décidé de s’engager dans cette voie après avoir pris conscience, à l’âge de 16 ans, notamment, de l’exploitation sexuelle des enfants en Thaïlande. Elle a défendu les droits des enfants et des femmes jusqu’à aujourd’hui où elle se consacre aux victimes de la traite d’êtres humains. Dans son métier, la directrice rencontre des situations difficiles mais la satisfaction de voir ces personnes s’en sortir prédomine.
Des rencontres et des histoires qui amènent un peu de lumière et pousse à continuer le travail entamé, malgré des difficultés financières : le centre Pag-Asa doit aussi faire face à des restrictions budgétaires dans le cadre d’économies réalisées par l’autorité fédérale.