Dans un motel suisse, lors d’une nuit d’hiver, un homme atteint d’un cancer veut en finir avec sa vie. David Miller, vieil architecte qui n’a jamais achevé son travail, décide de mourir précisément à cet endroit qu’il a construit avec sa femme, décédée.
Pour passer à l’acte, il a recours à une association d’aide au suicide. Mais rien ne se passe comme prévu. La dame chargée de l’euthanasier, Esperanza, aime trop la vie pour céder à sa demande. Elle voit en lui son mari mort d’un cancer qu’elle n’a pas su aider à partir dignement. Son voisin de chambre, Tréplev, un jeune prostitué d’origine soviétique parlant l’espagnol, tente quant à lui de le faire tomber dans les griffes de l’amour. L’homme pense qu’il pourrait donner du plaisir à David pour qui les jours sont comptés. Tout au long du film, un rapprochement gêné se crée entre les personnages.
Déterminé à en finir
Mais David, interprété par Patrick Lapp, vit dans le déni des autres et veut tout contrôler. Alors qu’il a abandonné son fils Cecil lorsqu’il n’était qu’un enfant, il ne croit plus en rien. Ni l’hésitation d’Esperanza ni les larmes de Tréplev ne l’arrêteront. Il tente le tout pour le tout : la corde, les bouts de miroirs brisés, l’oreiller… mais il n’arrive jamais à ses fins. Encore une fois…
Insensible mais attachant
Dans cette tragicomédie à la bizarrerie séduisante sur l’euthanasie, le spectateur est balloté entre cynisme, mélancolie mais aussi tendresse et affection. « Je peux vous embrasser avant de vous dire au revoir ? », prononce Esperanza, avant de lui administrer un cocktail médical, qui est finalement absorbé par le tapis de la chambre. Encore loupé…
Les personnages abordent avec excellence la vie, la mort, le désir, le mensonge et le dilemme. « Vous devez aller parler à votre fils », lui lance Tréplev pendant que « M. Miller » regrette, sans jamais l’avouer, ce qu’il a fait subir à son fils.
On aurait préféré…
Petit bémol toutefois, la réflexion sur l’euthanasie ne va pas assez loin. Même si le réalisateur Lionel Baier parvient à aborder l’euthanasie de manière théâtrale, parfois avec humour, on aurait aimé une analyse plus psychologique et introspective du personnage. Le film, pourtant court (75 minutes), s’enferme dans un huis clos lassant et les mystères, tantôt longs, tantôt irrésolus, font perdre le fil au spectateur.
En pratique : diffusion ce lundi 5 octobre, à 20 heures, au BOZAR à Bruxelles.