Ce mardi 21 mars, c’était la journée pour l’élimination de la discrimination raciale. Revenons quelques mois plus tôt, dans le quartier parlementaire de Bruxelles. Le 20 octobre 2016, Info Birmanie et Burmese Rohingyas Organisation UK se réunissaient pour manifester contre le régime birman et contre la répression à l’encontre des Rohingyas, une minorité musulmane de Birmanie. Le saviez-vous ?
Les Rohingyas, privés de nationalité
La Birmanie comprend l’une des mosaïques ethniques les plus importantes au monde avec 135 ethnies. Après un demi-siècle de dictature, le pays entre dans un processus de démocratisation en 2011, sous l’égide du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Mais ce processus semble profiter à tous, sauf aux Rohingyas, privés de nationalité depuis 1982 par une loi mise en place sous la junte militaire à l’époque. Cette minorité ethnique est parquée dans des camps de réfugiés, avec contrôle et restriction sur les naissances.
Les Rohingyas sont aussi privés d’accès aux soins, à l’éducation et au monde du travail. Cette minorité, apatride depuis 1982, la Birmanie n’en veut pas. Ils sont victimes du processus d’unification du pays qui tente d’imposer le bouddhisme comme religion nationale. Dans un pays à majorité bouddhiste (95%), les Rohingyas, de confession musulmane, sont perçus comme une menace, ne représentant pourtant que 5% de la population. L’État birman considère également qu’ils sont des immigrés bengalis, en provenance du Bangladesh. Ils sont aussi la cible d’un groupe extrémiste bouddhiste, le Ma Ba Tha. Ashin Wirathu, à la tête de ce groupe, prône publiquement la haine à l’encontre de cette minorité. Bouddhisme et haine ne sont-ils pourtant pas contradictoires ?
20 octobre 2016 : un « stop au génocide » avec peu d’écho
Voilà pourquoi, le 20 octobre 2016, un groupe de Rohingyas est venu, banderoles et microphones à la main, pour crier son désespoir en plein quartier européen de Bruxelles. Certains sont venus d’Angleterre, d’autres directement de Birmanie. Il y avait même ce vieil homme qui a perdu des membres de sa famille une semaine auparavant, dans un incendie meurtrier. Ils étaient une trentaine, pour 700.000 en Birmanie.
Ils ont malheureusement fait le déplacement le jour d’une Convention européenne, et le cœur du quartier était bouclé. Ils se donc installés un peu plus loin, sur un bout de trottoir, faute de place. Pas vraiment l’endroit rêvé pour espérer se faire entendre… Mais ils étaient là, avec leurs banderoles et leur volonté. « Tout ce que nous souhaitons, c’est que le plus de monde possible en parle autour de soi », nous confiait Tun Khin, président de Burmese Rohingyas Organisation UK.
À l’heure actuelle, il est difficile de déceler les actions concrètes de la part de l’Europe et de la communauté internationale, en réponse à la triste situation des Rohingyas. Même Aung San Suu Kyi, qui s’est pourtant battue pendant des années pour une Birmanie libre et démocratique, joue la carte du silence concernant la situation de cette minorité musulmane. À savoir, le terme « rohingya » est même interdit en Birmanie, car cela reviendrait à reconnaitre leur existence.
Alors, le saviez-vous ?
Si vous avez envie d’en savoir plus, voici un reportage de 2016 réalisé par Vice News : Left For Dead: Myanmar’s Muslim Minority