Actiris annonçait, il y a quelques jours, une diminution annuelle du chômage de 2,3% chez les jeunes en Région bruxelloise. Bonne nouvelle me direz-vous, mais à quel prix ?
Bruxelles est la Région du pays la plus touchée par le chômage des jeunes. Mais pourtant, Actiris annonçait dernièrement dans un communiqué de presse une diminution de 32,1% à 29,8% de novembre 2013 à novembre 2014. Une évolution réjouissante dans les chiffres, donc.
Mais dans les faits, qu’en est-il ? Le gouvernement fédéral a introduit, en janvier 2012, une nouvelle modification de la réglementation du chômage. Pour pouvoir introduire une demande d’allocations à l’Onem, les nouveaux diplômés doivent effectuer un stage d’insertion professionnelle de 12 mois, contre 9 auparavant. Ce qui explique qu’il y ait une augmentation du nombre de jeunes en stage d’insertion professionnelles (+2%) ainsi qu’une légère diminution du nombre de jeunes chercheurs d’emploi par an (-7,1%).
« L’inscription des jeunes sortant de l’école se fait massivement aux mois d’août, septembre et octobre, c’est pourquoi le taux de chômage en novembre reste traditionnellement moins élevé », explique Sarah Thomas, responsable des contacts presse d’Actiris. Leur entrée sur le marché du travail se voit donc retardée, ainsi que leur entrée au chômage.
Mais la courbe a priori positive du taux de chômage s’explique aussi par l’augmentation des exclusions de chômeurs. Une autre décision du gouvernement Di Rupo.
“On prend des mesures de plus en plus drastiques. En janvier 2015, plus de 30.000 jeunes vont être exclus du chômage, ce qui va faire chuter les statistiques”, affirme François Reman, attache de presse de la CSC. Du côté d’Actiris, on reconnait que « la diminution du nombre de jeunes sans emploi s’explique en partie par les exclusions. L’Onem effectue désormais des contrôles après le 7e et le 11e mois du stage d’insertion, ce qui engendre parfois des exclusions », explique Sarah Thomas. Résultat, ces personnes disparaissent des registres du chômage, mais cela ne veut pas dire qu’elle ont décroché un emploi.
Un baisse de chômage virtuelle, en somme ? « Une baisse de chômage est un flux compliqué. Il faut tenir compte de beaucoup éléments”, tempère Actiris.
“Beaucoup de jeunes vont sortir du registre du chômage pour se retrouver au CPAS, et ce n’est pas la première fois que l’on mentionne cette baisse de chômage qui, selon moi, n’en est pas réellement une”, estime François Reman.