Celui qui a connu la formidable ascension du White Star Woluwe de la P4 à la division 3 ne mâche pas ses mots. Les moyens alloués par la Fédération Wallonie-Bruxelles à la lutte contre le dopage sont insuffisants et ne permettent pas d’éradiquer le problème. La piste du dopage contrôlé et médicalisé, selon lui, à envisager sérieusement. Une salle d’attente dans le Complexe Sportif du Poséidon, un cabinet médical sobre, Charles Chapelle termine sa journée. Il parle sans concession d’un sujet qu’il connaît très bien : le dopage. Pour lui, ça ne fait aucun doute : il existe bel et bien dans le football amateur.
Portrait de Charles Chapelle. Photo : Bastien Bott
Le dopage dans le football, cela reste toujours un problème actuel ?
Charles Chapelle : Indéniablement, le dopage existe toujours aujourd’hui dans le football. On a été très longtemps hésitant, et cela reste encore un sujet tabou dans le monde du foot. Les récentes frasques de Michel Platini le prouvent (le président de l’UEFA réfute l’existence de dopage dans les championnats européens, NDLR).
Le pouvoir politique met-il des moyens suffisants pour stopper le dopage…
C. C. : (Il coupe) Non ! Et c’est vraiment lamentable ! En Belgique, les moyens financiers sont tellement désastreux qu’il n’y a souvent que deux ou trois contrôles organisés par an. La probabilité de prendre quelqu’un est quasi inexistante ! Si le dopage devait vraiment être éradiqué un jour, il faut des moyens financiers beaucoup plus importants !
Je voudrais savoir ce que, la Fédération Wallonie-Bruxelles dépense annuellement en contrôle antidopage… Vous tomberiez par terre ! On lutte contre de véritables organisations mondiales éminemment puissantes et riches. Le dopage représente financièrement une mine d’or !
Vu le manque de moyens, comment les clubs peuvent-ils agir pour lutter contre le dopage ?
C. C. : Je crois que c’est vraiment grâce à la prévention et l’information, que l’on pourra sensibiliser les gens. En organisant des réunions avec ses propres joueurs, en faisant venir un médecin qui vient leur parler du dopage et en leur expliquant les dangers qu’ils prennent en se dopant.
Les risques restent importants…
C. C. : Aujourd’hui, les médicaments sont extrêmement performants (anabolisant, amphétamine) mais ça n’exclut pas les risques de cancer et les maladies cardiaques. Beaucoup de sportifs de la dernière génération sont morts avant 40 ans et j’ai bien peur qu’il n’y en ait encore…
Pourquoi un footballeur amateur se dope-t-il?
C. C. : Les gens assimilent le dopage à la qualité de la performance. Ils sont prêts à tout pour être meilleurs ! Et là que ce soit le plus petit amateur du monde comme le plus grand professionnel, ils veulent toujours prester mieux.
Est-ce possible de mesurer l’impact du dopage dans le football amateur ?
C. C. : C’est très compliqué ! Dans le monde amateur, il n’y a jamais une équipe ou un club qui organise véritablement le dopage. Le plus souvent ce sont des démarches individuelles. De plus, à partir du moment, où les contrôles sont insuffisants, il est difficile de savoir concrètement combien de footballeurs se dopent.
Peut-on espérer un jour qu’il n’y ait plus de dopage dans le football ?
C. C. : Je suis pour le fait qu’il n’y ait pas de dopage dans le sport ! Mais aujourd’hui je me pose la question de savoir si la lutte n’est pas complètement dépassée. La question que beaucoup de médecins du sport se sont posée, c’était de savoir s’il ne vaut mieux pas un dopage médicalisé… Au moins tout le monde se trouve sur la même ligne de départ
Entretien Bastien Bott
