Depuis quelques années, le Free Walking Tour est devenu un moyen presqu’incontournable pour visiter une ville. Le concept est simple : les citoyens amoureux de leur ville la font découvrir à des touristes qui, en échange, peuvent donner un pourboire en fonction de leur appréciation du circuit. De plus en plus populaires en Europe, ces associations « pay what you want » font petit à petit de l’ombre aux visites touristiques traditionnelles.
Découvrez Bruxelles avec Yasser !
Ces visites gratuites, nous les avons testées avec Yasser qui, après un roadtrip en Europe, a créé Viva Brussels. Depuis 2013, il emmène chaque jour les voyageurs en balade dans le centre de Bruxelles. La visite commence à la Grand Place et dure au moins deux heures. On arpente les rues de la capitale et notre guide nous donne quelques bons plans sur les lieux culturels, les cafés qu’il préfère, les restaurants en vogue… La spécificité de ce type d’excursion consiste à naviguer en comité restreint : Yasser tolère maximum dix personnes par groupe. « La philosophie de ce genre de visite est d’accepter moins de personnes mais d’être beaucoup plus à l’écoute et de créer une certaine convivialité. Pour nous, ça n’a aucun intérêt d’avoir un attroupement qui suit notre petit fanion et ne puisse entendre nos explications » raconte-t-il. Pour certains adeptes, les visites gratuites facilitent les rencontres et permettent de se constituer un groupe d’amis pour le reste du séjour. Il s’agit d’une véritable plus-value par rapport aux systèmes de tourisme classiques.
Une menace pour le secteur du tourisme
A l’origine, les Free Walking Tours attiraient surtout les étudiants et les bagpackers, ces derniers ne pouvant pas toujours se payer les excursions plus coûteuses proposées par les agences de voyage traditionnelles. « Aucun problème ne se posait alors puisque ces « industries » ne ciblaient pas forcément ce genre de public » estime Yasser. Aujourd’hui, on constate que le concept plaît plus largement, et ce pour deux raisons : la gratuité et le caractère convivial de la démarche. La concurrence entre deux types de visite est donc lancée. En réalité, le tourisme citoyen est, aux yeux de certaines agences, ce qu’Uber est aux taxis. Le secteur touristique tremble face au succès des Free Walking Tours et les accuse de lui voler sa clientèle.
Associer gratuit et payant
Les chaînes de tourisme classiques ont parfois dû améliorer leur publicité, baisser leurs prix mais l’idée du « pay what you want » prend toujours le dessus. Quelques affiliations, comme la Bravo Discovery sprl, ont bien sûr revu leur formule et tentent de combiner les deux formules. De leur côté, certains défenseurs des visites gratuites, tels que Viva Brussels, acceptent ne se charger que d’une présentation de la ville. Si les touristes souhaitent une excursion plus approfondie sur la bière, les guides les renvoient vers des institutions plus chères. Peut-être que face à cette évolution du tourisme, il serait plus judicieux d’opter pour la coopération plutôt que la compétition.