Vendredi 20 mars a commencé la 7ème édition du festival Millenium au Bozar. Un festival centré sur le film documentaire qui accueille plus de 70 cinéastes du monde entier. Depuis ses débuts, le festival s’est fait remarquer par son angle critique et ses œuvres décapantes. Cette année, le comité de sélection a choisi la dernière œuvre des « Yes Men » pour ouvrir l’évènement. A travers ce choix, un message fort : l’engagement citoyen.
Le festival s’ouvre ce soir sur le nouveau documentaire satirique des « Yes Men ». Pourquoi ce choix ?
En choisissant « The Yes Men Are Revolting » comme première projection du festival, le comité de sélection passe le message de l’ « empowering » : nous ne devons pas nous résigner, il faut garder notre potentiel d’expression. C’est un message porteur d’espoir, c’est l’idée que le monde de demain est déjà entre nos mains, qu’il faut continuer de dénoncer, de réagir aux abus capitalistes. C’est aussi l’important de prendre en compte notre réalité mondiale : nous avons, avec nos actions, des répercussions à l’autre bout de la planète, d’où l’importance de l’expression et du partage.
Pour faire parler de lui, le documentaire d’aujourd’hui doit-il être politiquement incorrect à tout prix ?
C’est une bonne question. Les réactions sont diverses : allant de la sympathie à l’empathie, mais c’est cette réaction qui importe. En réagissant, les gens se mobilisent, en tous cas, ils prennent conscience. Le politiquement incorrect réveille. « The Yes Men » en est l’exemple parfait.
Quel sont les enjeux du festival ?
C’est notre slogan : connaitre l’autre. Le but du festival est d’offrir au public la possibilité de rentrer dans la réalité de l’autre. Les grandes questions que le festival met en avant sont, entre autres, le développement durable, le problème de l’égalité entre hommes et femmes et celui de l’éducation pour tous. Il est important pour nous de partager avec le plus grand nombre, de couvrir le plus grand angle. C’est pour cela que nous présentons, cette année, plus de 70 cinéastes issus du monde entier aux angles et problématiques les plus diverses.
Le dialogue entre l’œuvre cinématographique, son auteur et le public est-il important ?
Il est primordial. La rencontre entre le public et les cinéastes permet au premier de poser ses questions au second, de trouver la réponse à certaines interrogations que l’œuvre pourrait provoquer ; mais aussi au cinéaste de rentrer en contact avec son public.
L’œuvre cinématographique installe le dialogue. Le public peut réagir avec empathie ou avec rejet. Comme l’on rentre dans la réalité de quelqu’un d’autre, les réactions peuvent être épidermiques, ce sont ces émotions qui rendent l’occasion aussi riche. Cette année, en parallèle des projections, nous organisons un « congrès futuriste » : des rencontres participatives avec des spécialistes (écrivains, sociologues, cinéastes…) qui donnent leur avis sur les enjeux de la société actuelle. C’est notre « particularité Millenium » : il y a du contenu, de la matière. Les cinéastes viennent avec une démarche sincère, une volonté de partage.
La culture est un des premiers secteurs à souffrir de la crise. Est-ce le public qui doit se battre pour les cinéastes ou les cinéastes qui doivent se battre pour le public ?
En effet, nous vivons à une époque où l’accès à la culture est devenu un enjeu singulier. L’économie du documentaire est difficile ; les cinéastes jouissent souvent de moyens très limités, ce qui rend l’accès à leur œuvre de plus en plus compliqué.
Le public aussi est particulier : c’est un public fidèle, qui s’interroge sur les enjeux de notre société et qui recherche justement cette possibilité de partage, d’ouverture sur la vie de l’autre. Le cinéaste a besoin de rentrer en contact avec son public qui a souvent des questions à lui poser. C’est du donnant-donnant.
[…] année, le festival met ainsi à l’honneur un militantisme drôle et piquant. Désopilante, ridicule, mais intelligente, l’œuvre nous interroge sur notre engagement citoyen, […]