Le Centre pour le pluralisme et la liberté de la presse de Florence a publié un rapport relatant l’état de la diversité de l’information dans neuf pays membres de l’Union européenne. Belgique, Bulgarie, Danemark, Estonie, France, Grèce, Hongrie, Italie et Grande-Bretagne ont été mis à l’épreuve. Grâce à divers indicateurs, ce monitoring analyse si le pluralisme des médias est respecté, et dans quel(s) domaine(s) il reste le plus faible.
« Le but de ce monitoring n’est pas de punir les ‘mauvais élèves’ en matière de pluralisme, mais plutôt de leur faire prendre conscience de son importance », explique Ricardo Gutiérrez, secrétaire général à la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Selon lui, la réalisation d’un tel rapport n’est pas surprenante : « Cela fait des années que l’on alerte le public et les décideurs politiques sur le problème général de la perte de diversité des médias et d’une concentration croissante des entreprises de presse ». En effet, les politiques d’austérité menées en Europe depuis des années ont fait en sorte que les entreprises audiovisuelles publiques ont perdu des moyens. « Les chaines publiques en Europe ne représentent aujourd’hui plus que 15% de l’ensemble des chaines disponibles. Ce sont les chaines privées qui dominent », poursuit le secrétaire. De nos jours, les médias sont aux mains de quelques groupes de presse, ce qui constitue un réel danger pour le pluralisme et la diversité des médias.
En réalité, une première étude a été réalisée en 2009. Il s’agissait d’une phase pilote qui a finalement été abandonnée, pour être reprise cinq ans plus tard. Remanié et simplifié, ce rapport se base sur divers indicateurs sociaux, économiques et d’opinion. Un second volet sera effectué en 2015. En effet, si l’étude de 2014 ne se concentre que sur neuf des pays membres, celle de 2015 inclura les 19 restants. Cette étude a vu le jour grâce à une subvention de pas moins de 500 000 euros de la part de la Commission européenne. C’est d’ailleurs cette dernière qui avait créé, en 2011, le Centre pour le pluralisme et la liberté de la presse, dans le but de trouver de nouvelles idées sur la manière de garantir la grande diversité et la liberté des médias, mais aussi d’améliorer la qualité de la réflexion sur le pluralisme des médias en Europe. Selon Marie Frenay, attachée de presse du marché numérique au sein de la Commission européenne, cet outil permet à la Commission d’encourager les meilleures pratiques au sein de chaque pays membres. « Ce monitoring peut être perçu comme un effort de la part de la Commission pour assurer la liberté des médias et le pluralisme en Europe », souligne-t-elle.
L’attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier dernier a replacé la liberté d’expression au centre des débats et a mis en lumière l’importance des médias comme outils démocratiques. « Les journalistes sont ceux qui demandent des comptes aux détenteurs du pouvoir au nom de la société civile. Ils ont un peu un rôle de chien de garde de la démocratie. Et on avait un peu oublié ça. Les gens, je pense, sont davantage conscient, qu’avant les attentats, de l’importance des médias libres et indépendants et d’une diversité des médias », conclut Ricardo Gutiérrez.
Interview de Ricardo Gutierréz, secrétaire général de la Fédération Internationale des journalistes:
Pour plus d’information, voir le rapport complet