10
Nov
2014

David Cameron refuse de payer la rallonge au budget que l’Union Européenne lui a imposé le 24 octobre.

David Cameron refuse de payer la rallonge au budget que l’Union Européenne lui a imposé le 24 octobre.

10 Nov
2014

Le Royaume-Uni refuse de payer son ardoise, une provocation de trop ?

Rétroactes d’un contentieux financier

En 1963 et en 1967, le Royaume-Uni tente par deux fois d’intégrer la Communauté européenne, mais il se heurte à chaque fois au refus du Général de Gaulle.

De Gaulle se méfiait des Britanniques, pensant que la Grande Bretagne était bien trop différente des six autres nations composant le marché commun européen.

1973, le Royaume-Uni fait enfin son entrée dans la Communauté européenne, à la suite du retrait du général de Gaulle, décédé quelque temps auparavant. Les Britanniques sont maintenant dans l’Union européenne, mais ils conservent une certaine rancœur du fait d’avoir été repoussés durant d’aussi longues années.  Cette rancœur peut-elle expliquer en partie le refus du Royaume-Uni de se plier à l’ensemble des normes européennes ?

Peu après l’adhésion de son pays, la première ministre Margaret Thatcher prononce la célèbre phrase : « I want my money back ». Et, en 1984, le Royaume-Uni obtient effectivement un rabais financier conséquent pour sa contribution au budget européen. Un rabais plus connu sous le nom de « chèque Britannique ».

En 1992, le Royaume-Uni refuse de participer à la poursuite de l’union économique européenne. Elle s’exclut ensuite de la zone euro.

Enfin, lors du récent Sommet européen du 23 octobre 2014, le premier ministre britannique David Cameron s’oppose au paiement des quelque deux  milliards d’euros  de rallonge budgétaire demandés par l’Union européenne. La goutte qui fait déborder le vase ?


L’argent… mais aussi les valeurs

Le Royaume-Uni est souvent considéré comme un frein au projet européen. Après son adhésion à l’Union européenne, le pays décide de se démarquer au niveau économique et budgétaire : non paiement de la totalité de sa contribution au budget européen, refus du système monétaire européen, rejet de l’euro, opposition à la Politique Agricole Commune (PAC), … Tant de dissensions qui mettent à mal la construction européenne.

De fait, les « provocations » britanniques s’étendent au-delà des matières économiques et financières. Et nul besoin de remonter loin dans le temps pour faire part de nombreuses autres tensions. Proclamée en 2000, la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne rassemble et actualise en un seul document les libertés et droits des citoyens européens. La Charte devient juridiquement contraignante avec le traité de Lisbonne. Le Royaume-Uni, à coup de pressions, obtient d’être exempté de l’application de ce texte. De plus, il négocie nombre de dérogations pour ne pas mettre en application plusieurs législations sociales européenne, ce qu’on appelle le « opt out », comme par exemple en matière de limitation du temps de travail.

Une des dernières provocations : la volonté affichée par David Cameron de sortir son pays de la Convention européenne des droits de l’homme si son parti, le Parti conservateur, obtient la première place aux élections législatives de 2015. Le premier ministre britannique considère la Cour européenne des droits de l’homme comme un symbole de la perte de souveraineté britannique. Par ailleurs, il critique avec fermeté les lois sur l’immigration intérieure à l’Union Européenne, alors qu’un des principes fondateurs de l’Europe est la libre circulation des personnes en son sein.

L’explication tient sans doute au contexte politique. Pour l’instant, le Parti conservateur de Cameron perd du terrain face à la droite extrême, représentée par le parti eurosceptique UKIP. Lequel parti a cartonné aux dernières élections européennes. D’où la volonté de Cameron de chasser sur les terres de! l’extrême droite pour gagner des électeurs.

De facto, le Royaume-Uni prend ses distances par rapport aux fondements mêmes de l’Europe : droits de l’homme, progrès social, solidarité. L’article 49 du Traité de Lisbonne ne stipule-t-il pas que seul un État européen qui respecte les valeurs démocratiques fondamentales peut être membre de l’Union ?

Alors, si le Royaume-Uni n’entend pas respecter l’ensemble de ces valeurs, pourquoi ne quitte-t-il pas l’Union Européenne ?

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