Alors que les températures baissent, le Samu permet l’ouverture de plusieurs centres d’hébergements d’urgence proposant plus de 1000 places. Le Samu se distingue du fait qu’il permet l’accueil de familles,ce qui n’est pas toujours le cas dans l’hébergement d’urgence. Lorsqu’une personne vient se reposer, elle reçoit également à boire, de quoi se vêtir et un endroit où mettre ses affaires en sécurité.
Le centre propose aussi un accompagnement psychosocial grâce aux permanences organisées au sein de l’ASBL. Des équipes mobiles se déplacent dans les rues afin d’inviter le plus de sans-abris possible à dormir sous un toit. Toutes les sans dans la rue n’acceptent pas, chacun avec ses raisons personnelles.
Le Samu Social travaille en réseau avec des partenaires publics (les communes, les CPAS, la police, les hôpitaux, le Délégué général aux droits de l’enfant), diverses associations (Médecins du Monde, La Maraude de Saint Josse, etc.) ainsi que des partenaires privés qui permettent le financement de l’ASBL. Le rapprochement avec Médecins du Monde, par exemple, permet de soigner les personnes souffrantes qui n’ont pas toujours accès à des soins de santé.
Lorsqu’une personne désire dormir dans un centre du Samu, elle peutcomposer gratuitement le 0800/99.340. Ce service permet de venir chercher ceux qui ne peuvent pas se déplacer. Toute personne ne se trouvant pas en situation d’urgence peut aussi composer ce numéro lorsqu’il constate qu’une personne est en détresse. Ce geste citoyen permet aussi de s’assurer que personne ne risque sa vie lors d’une nuit de basse température. Entretien avec Christophe Thielens, qui travaille au service communication du Samu Social.
Êtes-vous actif en dehors de la période hivernale ? Si oui, avec quelles activités ?
Christophe Thielens : Oui, nous sommes actifs toute l’année, même s’il y a moins de lits disponibles que pendant la période hivernale. Nous avons un centre d’accueil structurel avec 110 places et un centre d’accueil pour les familles avec 130 places. Pendant le plan hivernal, il y a 650 places en plus. En fonction de la demande et de l’évolution du temps, nous pouvons aller jusqu’à 1000 places disponibles. L’année passée, nous avons pu accueillir 1100 personnes entre octobre et mars. Des équipes mobiles se déplacent aussi dans les rues pour aller à la rencontre des gens. Si nous ne le faisons pas, nous ratons notre mission première de venir en aide aux plus faibles. Surtout que beaucoup de personnes ne viennent pas d’elles-mêmes vers nous. Bien sûr, en hiver, il y a plus de rondes organisées : deux à trois équipes mobiles tournent chaque soir.
Quelles sont les plus grosses difficultés rencontrées ?
C.T. : C’est clairement le manque de bâtiments. Chaque année, nous devons partir avec un bâton de pèlerin pour trouver de nouveaux bâtiments. En plus de nos deux centres actifs toute l’année, nous avons l’assurance d’avoir chaque hiver un autre bâtiment situé rue Royale. Il nous est octroyé par le CPAS de la ville de Bruxelles. Mais il nous faudrait encore plus de bâtiments. C’est très compliqué de trouver quelque chose pour seulement trois mois et demi. C’est donc souvent des bâtiments en transition, qui doivent être loués ou détruits sous peu.
Quelles sont les conditions d’admission pour pouvoir passer une nuit dans un centre du Samu social ?
C.T. : L’accueil est inconditionnel pendant le plan hiver : tout le monde court les mêmes risques d’hypothermie. Pendant l’hiver, on ne vérifie pas si les personnes ont des papiers ou non. L’accueil reste cependant prioritaire aux personnes les plus vulnérables. Les personnes peuvent appeler à partir de 14 heures pour réserver un lit et dormir autant de nuits de suite qu’elles le souhaitent. Seules les personnes qui ont déjà fait preuve de violence dans un centre sont exclues. Le fait de nous contacter par téléphone peut paraître impersonnel, cependant cela permet un premier filtre ainsi qu’un premier contact. Les assistants sociaux qui répondent peuvent établir un diagnostic initial afin de savoir de quel soutien a besoin la personne. Cela varie en fonction de l’âge de la personne ou de son statut (si c’est une femme seule avec enfants par exemple). A partir de là, les assistants sociaux savent vers quel centre les orienter.
Les travailleurs sont-ils tous bénévoles?
C.T. : Non, il n’y a aucun bénévole dans le staff du Samu social. Il faut savoir faire preuve de distance, apprendre à gérer les situations et pouvoir dire non. C’est un métier. Nous n’employons que des professionnels : infirmiers, éducateurs, médecins, psychologues, assistants sociaux. Ils sont engagés sous contrat et doivent adhérer à la charte du Samu social. Le problème des bénévoles est que leur sensibilité peut nuire. Par exemple, ils peuvent privilégier certaines personnes qui leur ressemblent. Nous ne voulons pas de favoritisme au sein de notre ASBL.