Ecrire pour le web nécessite de respecter quelques règles. Philippe Laloux, rédacteur en chef adjoint numérique du Soir, a communiqué les siennes à 35 étudiants en journalisme de l’IHECS, vendredi 27 novembre dans notre rédaction, dans le cadre de l’enquête collaborative “Objectif Londres : quelles vies pour les migrants ?”. Avec son accord, nous vous en faisons part.
STORYTELLING
- Le marketing éditorial
“Faites du marketing éditorial. Montrez que vous n’écrivez pas une dépêche, que vous êtes allé(e) sur place. Dans votre article, il faut tenir votre promesse. C’est un contrat de lecture. Décrivez ce que vous avez vu. A travers les histoires, les récits, vous allez faire passer des concepts, des notions. Au final, vous aurez distillé trois ou quatre éléments dans des lieux et des témoignages.”
- La danse du ventre
“Quand j’écris, je pense à la lectrice. Je veux la séduire. Il faut faire la danse du ventre face au lecteur sans perdre son âme. Il faut le prendre par la main, avoir un fil rouge et lui dire : « Tu ne vas pas perdre ton temps, on va te raconter une belle histoire et, en plus, tu seras moins bête à la fin. »”
- Incarnez votre récit
“Incarnez vos sujets dès le départ, que ça ne manque pas de chair. Parlez des chômeurs plutôt que du chômage, des malades plutôt que du système de santé. Allez dans le gras du lard. Evitez les introductions très classiques, très conventionnelles, de type conférence.”
- Prenez l’hélicoptère
“Détachez-vous ensuite du témoignage humain pour prendre l’hélicoptère et avoir une vue générale de la problématique. Détachez-vous du parcours de la personne pour vous intéresser à la procédure d’intégration par l’emploi par exemple.”
- Le triangle d’or du journalisme
“Il y a trois choses qui comptent quand vous écrivez un article : 1) l’info, 2) l’info, 3) l’info.”
- Des choix radicaux
“Soyez radicaux dans vos choix, assumez-les. Si vous n’arrivez pas à savoir ce que vous voulez dire, faites un auto-pitch de 30 secondes. Ne vous prenez pas la tête et racontez.”
STYLE
- Une phrase, une idée
“Faites une phrase pour annoncer une idée. Ecrivez votre article comme si vous l’expliquiez à quelqu’un de votre famille.”
- Desserrez le nœud de la cravate
“Ne soyez pas péremptoire ou dans la définition. Ne soyez pas non plus bavard ou verbeux. Evitez de dire « les gens pensent que.. ». Enlever les « néanmoins », « afin de ». Ayez confiance dans votre récit. Il vaut mieux raconter plutôt que définir. Ayez un style plus viril, plus nerveux. Il faut être juicy, sexy et viril. Vous pouvez dire des choses très sérieuses de manière décoiffante, en dépotant, en desserrant le nœud de la cravate.”
- Mettre les crocs dans le mollet du sujet
“Ne gardez que ce qui sert votre objectif journalistique. Ne lâchez pas l’os de votre thématique. Mettez les crocs dans le mollet de votre sujet. Allez au bout de votre objectif journalistique. Le lecteur ne sait pas ce que vous avez coupé. Il vous remerciera d’être allé(e) à l’essentiel.”
- Le journalisme à ciel ouvert
“Ne décrivez pas votre travail dans votre article, ça ne fonctionne pas. Enlevez les expressions comme « Nous avons rencontré » dans le texte mais mettez-les sur les réseaux sociaux pour faire du journalisme à ciel ouvert.”
SUR LE WEB
- Le web, un média écrit
“Le web est avant tout un média écrit. Chaque autre média doit apporter quelque chose de nouveau à l’article. Si vous mettez un son par exemple, je sais que, quand je vous lirai dans le métro, je devrai aller chercher mon oreillette et je n’aurai pas de 4G. Mettez donc uniquement ce qui est nécessaire. C’est pareil pour la vidéo.”
- Des liens si forts
“Un article web sans lien hypertexte n’est pas un article web.”
- Utilisez le datajournalisme
“Utilisez le datajournalisme pour mettre en évidence les chiffres.”
- Combien de signes sur le web ?
“La liberté du web, c’est qu’il n’y a pas de canevas. N’écrivez que ce qui est nécessaire. 10.000 signes est une bonne longueur pour une enquête ou un grand reportage.”
CITATIONS BONUS
« Je poil-de-cul-te. Je suis dans l’ISO 9002 pour flirter avec la qualité totale. »
« Par respect pour les bateaux, je ne dirai pas que c’est bateau. »
[…] ⇒ Continua a leggere su Bruxelles Bondy Blog […]