A l’heure où les derniers fêtards, vaincus par la fatigue, s’empressent de rejoindre leur lit, d’autres se sont levés tôt pour redonner aux pavés de Louvain-la-Neuve leur couleur d’origine. Mais pour le grand nettoyage qui attend la cité estudiantine, les ouvriers communaux ne sont pas seuls. Ils sont épaulés dans leur tâche par différents groupes d’étudiants, armés de pelles et de bonne volonté. Bon nombre d’étudiants faisant partie de Kots à Projets (des logements pour étudiants pensés autour de la vie en communauté et d’un projet commun) sont réquisitionnés pour donner un coup de main. Jamel, ouvrier communal, voit le geste d’un bon œil. Selon lui et ses collègues, les mentalités estudiantines ont évolué positivement ces dernières années. La quantité de déchets dans les rues au lendemain des festivités aurait aussi nettement diminué. «Imaginez-vous il y a quelques années, on avait de la crasse jusqu’aux genoux », affirme Jamel. « C’est clairement une conséquence de l’obligation de servir les bières dans des gobelets réutilisables », ajoute-t-il. En effet, les verres en plastique traditionnels ont été bannis au profit de gobelets en plastique rigide prêtés moyennant une caution de 1€. Les fêtards sont ainsi encouragés à les garder tout au long de la soirée et à les rapporter au bar après usage.
« Guindaille 2.0 »
Avec une initiative comme ces nouveaux gobelets, le CSE (le kot du Centre Sportif des Etudiants, chargé de superviser l’organisation des 24H) entend promouvoir une approche nouvelle de la fête estudiantine : « la guindaille 2.0 ». A savoir une guindaille (terme belge désignant “diverses activités festives estudiantines”) qui appelle les étudiants à s’amuser tout en faisant preuve de responsabilité et de respect envers autrui. Pour cette édition, le CSE ainsi que les autres kots à projets impliqués dans l’évènement ont mis l’accent sur la prévention. L’Étincelle, le journal des étudiants de l’Université catholique de Louvain (UCL), consacre d’ailleurs une double page sur la question dans son édition du mois d’octobre. On y retrouve, entres autres, différents conseils utiles pour aider un ami qui aurait trop bu. Notons qu’un effort important a été consacré pour faciliter l’accès gratuit à l’eau potable durant l’entièreté de l’évènement. Des tests d’alcoolémie sont aussi proposés aux « guindailleurs » pendant la soirée. Des mesures qui se sont avérées positives, en vue du faible nombre d’interventions médicales recensées.
Une source de revenus indispensable pour les cercles
Sur le « parking fédé », repère des cercles étudiants durant l’ensemble des festivités, les mines sont fatiguées au petit matin. L’heure est au rangement des tentes et des fûts de bière. Beaucoup d’étudiants de cercles ont passé la nuit sur place. « Il faut bien se dire que les 24 Heures ne sont pas synonymes de fiesta pour tout le monde », rappelle Suzon, membre du cercle des étudiants luxembourgeois. « Les bénéfices de la soirée représentent pour notre cercle un financement indispensable. Sans cet argent, impossible de financer nos autres activités. Nous avons donc tous passé la nuit à travailler dur au bar, et je ne pense personnellement pas avoir pu profiter pleinement de ma soirée. »
En contrebas, les quelques cyclistes encore en selle nous rappellent, comme si c’était encore nécessaire, qu’il serait malvenu de rabaisser les 24 Heures Vélo à un simple prétexte à la consommation abusive d’alcool.