Acheter deux cafés pour repartir avec le premier et laisser le second en « suspens » pour quelqu’un qui n’aurait pas les moyens de se l’offrir, c’est le principe des cafés suspendus. Cette démarche solidaire a vu le jour à Naples en 1993 et a, depuis lors, rencontré un franc succès ailleurs dans le monde, notamment Belgique dès 2013. Une vingtaine d’établissements pratiquent désormais les cafés suspendus à Bruxelles. Dans le cadre jeune et branché du Coffee Company, Bruna Sassi partage son expérience en la matière.
Comment avez-vous eu connaissance des cafés suspendus et qu’est-ce qui vous a poussé à organiser la démarche à Bruxelles ?
Bruna Sassi : Les cafés suspendus avaient démarré à Bruxelles par une page Facebook, au mois d’avril 2013. Au mois d’octobre, j’ai pu reprendre la page Facebook parce que je m’intéressais à la pauvreté au féminin et que le principe des cafés suspendus est un bon moyen d’aider les femmes. Elles peuvent y trouver un endroit où se poser un moment et également des toilettes ce qui est extrêmement difficile à trouver à Bruxelles.
Selon vous offrir un café est-il plus intéressant que de donner de l’argent ou de participer financièrement à une asbl qui s’occupe des personnes dans le besoin, comme les Restos du Cœur ?
B.S : Dans la démarche du café suspendu, en Italie, le donateur et le bénéficiaire ne se rencontrent pas. Ici, on a un peu évolué dans le système et quand on achète un café suspendu, le cafetier donne un ticket qu’on peut remettre soi-même à une personne démunie. Ça crée un contact, on ne met plus simplement une pièce discrètement en passant pour se donner bonne conscience, mais on remet une invitation à quelqu’un pour un paquet de frites ou un café et on le regarde pour la lui remettre. C’est là que se fait la différence. Les Restos du Cœur sont aussi une bonne initiative parce qu’il y a une rencontre. Je dirais que toutes les démarches qui permettent un regard, une parole et une écoute sont importantes.
Après avoir interrogé des clients du Resto du Cœur Nativitas, on se rend compte que peu de personnes concernées connaissent des cafés suspendus ou ne connaissent qu’un seul café le pratiquant. N’y aurait-il pas un problème au niveau de la communication ?
B.S : J’ai repris la page Facebook des cafés suspendus en l’élargissant et en essayant de faire du réseautage. Donc, j’ai pas mal de contacts avec différentes associations et je remets régulièrement la liste des cafés qui pratiquent le concept sur la page. Mais c’est vrai qu’il y a encore du travail à faire et qu’il faudrait plus de bénévoles pour transmettre cette liste.
Savez-vous ce qui se passe si, dans un établissement, un café suspendu n’est pas pris pendant un certain temps ?
B.S : Par exemple, au Café de la Presse, il n’y a qu’une ou deux personnes qui savent qu’elles peuvent y trouver un café suspendu ; donc il y avait beaucoup de cafés non distribués. En fin d’année, ils ont mis tous les cafés dans des thermos pour les distribuer à la Gare Centrale. D’autre part, comme les trois établissements sont liés (Coffee Company, Café de la Presse et Café du Sablon), les tickets circulent et reviennent souvent ici, où la demande est plus forte.
N’y a-t-il pas eu des personnes qui ont été refusées par le café de peur qu’elles ne dérangent les autres clients ?
B.S : C’est lors de la sélection initiale que c’est compliqué. Certains établissements refusent justement de s’ouvrir à la démarche pour éviter ce genre de désagrément. Par contre, les cafés qui acceptent connaissent bien le principe et s’engagent déjà à l’accepter. Ils font parfois des compromis avec la personne qui vient chercher un café, mais il faut dire que les gens qui sont dans la rue ne s’éternisent pas non plus dans des établissements comme celui-ci.
Je trouve cet article très intéressant! Merci à Gilles Mignolet de l’avoir écrit! Madame Sassi est également quelqu’un de très chouette yolo