Ce lundi, gros buzz sur la toile : une étude de l’Union fédérale des Consommateurs Que Choisir avance que 185 produits cosmétiques courants contiendraient des substances préoccupantes pour notre santé. Dentifrices, déodorants, crèmes pour le visage, après-rasages, soins pour les cheveux : tous les cosmétiques de la vie quotidiennes sont concernés. Ils contiennent du Paraben, des allergènes, des composés toxiques ou encore des perturbateurs endocriniens… L’étude à de quoi nous affoler.
Mal informés, beaucoup de gens crient au scandale sur la toile ou s’exaspèrent sur les réseaux sociaux. Après la viande, le fromage, les légumes OGM et même le textile qui contiendrait des pesticides toxiques, voilà qu’on remet une couche sur les cosmétiques. L’homme semble condamné à bannir tous ses biens de consommation.
Et si les médias criaient au loup face à un chien ?
Frédéric Warzée, cosmétologue chez Détic et défenseur des entreprises de cosmétiques, nuance l’étude et attaque les médias. “Il faut savoir différencier le danger et le risque. C’est là que les médias ont pour moi joué un grand rôle dans la panique que cette étude a pu susciter chez certaines personnes. L’étude a été relayée par les médias sans aucune analyse, sortie de son contexte”.
Il tient aussi à nuancer la dangerosité des substances incriminées : “Ces produits sont dits “à risque” en cas de forte utilisation, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des cosmétiques. Et puis quel produit ne l’est pas ? L’eau peut vous tuer si vous en buvez six litres [en une fois]. Pareil pour le vinaigre que vous mettez dans votre salade et qui est à la base de l’acide acétique, responsable de cancer et nocif pour la santé. Mais le vinaigre utilisé dans votre salade, est tellement dilué et utilisé en petite quantité qu’il est sans danger. Tout est une question de dosage. Il y a donc des risques, mais pas de danger à proprement parler”.
Du côté de chez Body Shop, marque de produits cosmétiques naturels, on pointe pourtant du doigt les produits visés par l’étude, mais pas pour les mêmes raisons. “Le problème des cosmétiques contenant ces produits dits potentiellement nocifs n’est pas tant qu’ils sont dangereux pour la santé, mais qu’ils utilisent des conservateurs chimiques qui empêchent les autres composants du produits d’agir”, clarifie Margaux Poisson. “Les conservateurs qu’ils contiennent, comme le paraben par exemple, sont synthétiques et bouchent les pores. Ils empêchent donc les cosmétiques de pénétrer dans la peau et d’agir, les rendant inutiles. De là à dire qu’ils sont dangereux… je ne pense pas non”.
Allergies en veux-tu en voilà
Selon l’étude de l’UFC, les allergies sont aux cosmétiques classiques ce que Voldemort est à Harry Potter : l’incarnation du danger et des risques presque inévitables en cas de contact. Pourtant, les cas de réactions allergiques importantes ou de problèmes de santé sont très rares, dans une Europe habitée par 300 millions de personnes qui utilisent en moyenne 18 grammes de cosmétiques par jour. Avec pour résultat des réactions ou des intoxications exceptionnelles. “Je n’ai pas l’impression d’assister à la moindre crise sanitaire, si ?” Ironise Frédéric Warzée.
“Le problème des allergies n’est pas celui qu’on croit. On caractérise une allergie selon deux critères : la fréquence de contact et le degré de concentration du produit. Au niveau de la fréquence, cela veut dire que plus on utilise un produit, plus on risque de développer une allergie par rapport à celui-ci. En réduisant constamment la liste des substances autorisées sous la pression de ce genre d’étude, on augmenterait le risque d’allergies puisqu’on va se retrouver avec peu de substances contenues dans beaucoup de produits“, explique Frédéric Warzée.
Mais les allergies peuvent aussi être provoquées par un manque de prudence du consommateur. Une trop fréquente utilisation d’une crème pour la peau ou d’un déodorant, même naturel, peut créer des allergies. Il faut donc bien lire la notice avant d’utiliser tout produit, un geste qui parait naturel, mais n’est pourtant pas un automatisme pour beaucoup de consommateurs.
Rien de neuf sous le soleil, et pourtant
“Il n’y a aucune inquiétude à avoir concernant l’usage des produits cosmétiques présents sur le marché français”, réagit Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et réglementaires de la fédération des entreprises de la beauté (Febea) dans un communiqué publié sur son site internet. “Les ingrédients utilisés dans les produits cosmétiques font l’objet d’une évaluation scientifique indépendante par des experts européens“.
Pourquoi tant d’études tirent-elles alors la sonnette d’alarme dans des études en cascade comme celle de l’UFC et celle du collectif Women in Europe for A Better Future parue la semaine dernière concernant les produits pour bébés.
Pour Frédéric Warzée, la réponse est simple. “Les unions de consommateurs ne réalisent pas ces études pour interdire ces substances mais pour pousser l’Union européenne à durcir ses réglementations en matière d’exportation. En matière de cosmétiques créés au sein de l’Union européenne, la Commission européenne possède les réglementations les plus strictes au monde. Le problème, ce sont surtout les produits importés que l’on peut trouver sur le marché, fabriqués dans des pays moins réglementés. Mais comme la Commission européenne ne bouge pas, les unions de consommateurs sortent ce genre d’études afin d’effrayer les gens et les forcer à réagir”.
On récapitule : risques, mais pas danger
En clair, si L’Oréal produit une crème pour le corps en Chine, où la réglementation est beaucoup moins stricte qu’en Europe, vous pourrez acheter ladite crème en Europe, mais elle ne sera pas couverte par les directives européennes en matière de santé. Il faut donc faire deux poids – deux mesures entre ce que dit l’étude et les réalités du marché. Et surtout garder en tête que sortent chaque jour des études qui disent tout et leur contraire, sans pour autant que le monde ne soit menacé d’extinction.
“Si on prenait au pied de la lettre chaque étude qui sort au niveau de la santé, nous serions déja tous morts trois fois”, plaisante Sylvie Roux, responsable d’un magasin de cosmétiques biologiques à Bruxelles.
Il est clair qu’il faut toutefois être prudent. Tous ces composés inconnus dans les produits donnent le tournis. Il faut reconnaître également que nous ne connaissons pas encore tous les effets de certains produits sur le long terme, puisque ce sont des solutions de synthèses créées parfois il y a moins de dix ans.
Devant certaines inconnues et un manque d’information pour les consommateurs, Margaux Poisson, vendeuse chez Body Shop, conseille tout de même de se tourner vers les alternatives naturelles. “Les produits naturels et biologiques ne sont pas plus chers que les cosmétiques classiques et présentent moins de risques potentiels puisqu’ils contiennent moins de produits. Et puis les vertus d’un produit naturel seront toujours mieux qu’un produit chimique, en plus d’être meilleures pour l’environnement et de ne pas être testées sur les animaux. Mais c’est un autre débat”.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient éviter quand même toutes ces molécules qui soulèvent tant de questions, il existe des labels de cosmétique naturelle (COSMOS) et biologique (Label Cosmebio)….avec des cahiers des charges restrictif qui permettent de proposer une vraie cosmétique raisonnée.
J’ignorais que Body Shop faisait des cosmétiques naturels…il suffit de lire les compositions pour s’apercevoir qu’ils sont enrichis en dérivés de PEG, silicone, phenoxyethanol….
Arrêtons cette hypocrisie!
https://www.youtube.com/watch?v=1ApuPTeawoQ