Le pacte d’excellence veut mettre en place un tronc commun. Tous les élèves, de la troisième maternelle à la troisième secondaire, auront les mêmes cours. « Ce tronc commun est un massacre », affirme Antoine, étudiant en troisième secondaire au Collège à Hannut, à 40 km de Bruxelles. “En ayant tous les mêmes cours, ce tronc commun ne prend pas en compte les désirs des étudiants. On va tous avoir du latin… » Ce jeune pense également que ce nouveau système ne profite ni aux étudiants du général, ni à ceux du technique. « Les étudiants ne pourront plus rater avant leur troisième. Ça signifie que ceux qui ont des difficultés vont traîner leurs lacunes. En plus, sans le vouloir, ils vont ralentir le restant de la classe. »
Une autre élève de quatrième secondaire, Flavia, exprime également son mécontentement : « Je ne suis pas d’accord : on a tous nos compétences. Ce système met en difficulté des étudiants qui seraient mieux dans une orientation technique. » Avec ce nouveau système, les jeunes ne pourront plus choisir leur option en fin de deuxième secondaire. Leur choix sera postposé d’un an. Flavia continue : « On ne respecte pas nos choix et nos envies. Le général n’est pas toujours facile. On nous met la pression pour réussir. » Elle pense également qu’obliger à suivre des cours généraux crée une vision élitiste du système.
La culture aura sa place dans les nouveaux programmes
Malgré tous ces mécontentements, Patrick Carlier, directeur au collège d’Hannut, contraste les propos de ses jeunes élèves. « Le tronc commun dans le pacte d’excellence a pour but d’amener tous les élèves à des compétences de base. » Ce tronc commun a l’ambition de revoir les matières et de mettre en avant celles qui sont sous-estimées. En effet, l’enseignement valorise généralement les cours permettant de développer la logique et le langage. Le pacte d’excellence veut donner aux étudiants le goût pour la culture, l’art et l’esprit d’entreprendre via de nouvelles matières. De cette manière, le choix d’orientation des élèves sera plus réfléchi.
« Les cours généraux développent l’esprit de synthèse »
Afin d’en savoir plus sur l’impact négatif présumé par les élèves face à ce tronc commun et les changements à venir, nous avons interviewé de jeunes travailleurs qui reviennent sur leur expérience personnelle.
« Pour moi, c’était vraiment positif de changer d’option dès la deuxième. J’avais des difficultés en maths. Je n’aurais pas pu, ni voulu les traîner un an de plus », explique Sophie Barbier, ancienne étudiante en technique et aujourd’hui institutrice maternelle. Pour elle, la diminution du nombre d’heures en mathématiques a été un soulagement. Suite à ses difficultés dans le général, Sophie a choisi de changer d’orientation et ses professeurs l’ont soutenue dans ce choix. « Avec du recul, ce changement a vraiment été positif. Je savais déjà que je voulais être dans le social plus tard. Je suis partie en technique de transition dans l’option “éducateur”. »
À l’inverse, Samuel Desguin a étudié dans l’enseignement général jusqu’à la rhétorique. Il a ensuite continué son parcours à l’université. Aujourd’hui, il travaille dans une société de consultance. « Je pense que le général prépare mieux à l’université que le technique. Dans le cadre d’études universitaires, nous ne mobilisons pas les acquis du technique. Cependant, nos cours dans l’enseignement général ne nous servent pas directement. Ils développent notre esprit de synthèse et la façon dont nous réfléchissons. Ils nous amènent également à développer une curiosité intellectuelle. Ces compétences nous sont utiles dans la vie de tous les jours. »
À la recherche d’un équilibre
Le constat est donc clair : il y a du positif et du négatif dans ce tronc commun. Les élèves vont acquérir des connaissances de base dans divers domaines et leur curiosité intellectuelle va également être sollicitée. Cependant, il faudra éviter de laisser de côté les étudiants qui ont des difficultés. Afin d’éviter ce problème, des cours de remédiation sont prévus. En parallèle, les autres étudiants pourront suivre des cours de dépassement. Les enseignants devront donc être attentifs à ne pas créer un clivage entre ces deux groupes.