Bureau de vote dans un gymnase
31
Oct
2018

Le 14 octobre dernier, 700. 000 jeunes ont voté pour la première fois. Se sentent-ils concernés par la politique ?

Photo : Jacques (CC BY-NC-SA 2.0)

Le 14 octobre dernier, 700. 000 jeunes ont voté pour la première fois. Se sentent-ils concernés par la politique ?

31 Oct
2018

Les jeunes, acteurs du marché politique ?

Lors de ces dernières semaines chargées en politique je me suis beaucoup interrogée sur l’intérêt que les jeunes autour de moi portent à ce sujet. Selon l’enquête Génération Quoi, 54% des jeunes belges francophones entre 18 et 25 ans ne se sont jamais engagés politiquement et ne prétendent pas le faire car cela ne les intéresse pas. 66% de leurs homologues néerlandophones partagent cet avis.

Les discours des politiques ne permettent pas aux jeunes de comprendre tous les enjeux.

J’ai rencontré plusieurs jeunes qui m’ont donné leur opinion sur la façon dont ils se sentent concernés (ou pas) par la chose politique. Un avis général ressort : ils s’y intéressent, mais ne prennent pas le temps de se renseigner régulièrement. D’après Julien, 22 ans et étudiant en relations publiques, les discours des politiques ne permettent pas aux jeunes de comprendre tous les enjeux et cela rend l’information moins accessible.

Louise a 21 ans et étudie les arts visuels. Elle dit s’y intéresser réellement, mais ne se retrouve dans aucun parti.  D’après elle, « la politique n’est qu’une affaire de lobbying, de pouvoir et d’argent, sans que personne ne veuille que ça change. » Ca ne lui parle pas, elle aimerait qu’on s’intéresse à l’avis des jeunes.

Tarik 25 ans, étudiant en école hôtelière, a voté pour la deuxième fois le 14 octobre dernier et, pour la deuxième fois, il s’est senti perdu face à tous ces partis présentés comme des produits sur un marché qu’il a du mal à comprendre. Une fois de plus, il a pris sa décision en dernière minute sur le chemin des urnes, tant il se sentait peu concerné. « D’après moi, le monde politique est un business compliqué à comprendre et qui est fait pour ceux qui le composent » m’explique-t-il, un peu désintéressé par le sujet. « Si on ne se plonge pas dedans, c’est un monde très difficilement atteignable ».

Faire un choix

Malgré tout, le vote est une obligation. Alors il faut faire un choix. Les propositions s’accumulent. J’ai mené une petite enquête via à un questionnaire en ligne et les premiers résultats qui s’en dégagent, avec 70 répondants, laissent penser que ma génération n’est que peu touchée par la campagne électorale faite sur les réseaux sociaux. 50  répondants (71,4%) sur 70 indiquent que cette approche ne les a pas intéressés. La plupart des jeunes interrogés disent avoir consulté des programmes en version papier ou en ligne ou s’être renseignés dans les médias.

Sur Facebook, les campagnes grouillent et s’imposent comme des publicités adressées à la nouvelle génération. Les noms des candidats et des partis remplissent les fils d’actualité. Ce catalogue politique est scrollé en un coup de pouce car peu significatif et peu informatif. « Je préfère m’informer auprès de mon entourage ou via la télévision que chercher des informations sur les réseaux sociaux » m’indique Louise. Julien lui est catégorique : « Avec le temps, j’ai l’impression que tout ce qui sort des réseaux sont des fausses informations donc ça n’a plus aucune valeur à mes yeux. »

Contact direct et réseaux sociaux

Alors, comment faire pour intéresser les jeunes au débat politique ? J’ai posé la question à Mélusine Baronian, attachée de presse du cabinet de Christos Doulkeridis de 2009 à 2014. « Le mieux, c’est de rentrer en contact avec eux, l’échange direct les touche davantage que les messages diffusés dans les médias. Si on veut travailler avec un groupe ou une communauté en particulier, on va directement chercher les plus jeunes pour qu’eux aussi se sentent concernés. De cette manière ils sont beaucoup plus envieux de comprendre et d’agir. »

D’après elle, les réseaux sociaux peuvent aussi être un bon moyen de communication avec la jeune génération, mais il faut pouvoir connaître les avantages et les inconvénients de chacun. Facebook rassemble énormément de monde et touche donc une communauté plus large, mais les informations sont plus ludiques que réellement instructives. Twitter est un très bon outil, il se met à jour très régulièrement et permet une vue d’ensemble plus précise. Par contre, il touche davantage des adultes qui se sentent déjà concernés par le débat politique. Instagram est un format particulier, l’information doit être présentée de manière très dynamique et concise. “De nos jours, c’est ce qui marche le mieux auprès des jeunes” juge-t-elle.

Conférence pour les jeunes

Conférence Young Talks sur les technologies et la politique. Photo : Thibault Feyaerts.

Apprendre la politique au même titre que tout le reste

Aujourd’hui, de plus en plus d’initiatives citoyennes se mettent en place pour intéresser les jeunes au débat politique, pour les aider dans leur construction personnelle à ce sujet. Ainsi, l’initiative Young Talks organise des évènements, principalement sous forme de conférences. Ce sont des échanges au cours desquels les jeunes sortent de leur de vie estudiantine pour s’intéresser à la vie sociale et politique qui les entourent. Pour l’équipe de Young Talks, l’engagement est partout et si on ne s’intéresse pas à la politique, la politique elle, s’intéresse à tout ce qui nous entoure et compose notre quotidien.

Citons encore CIVIX, un organisme destiné à nous permettre de voter en toute connaissance de cause et qui travaille pour promouvoir le vote intelligent et lutter contre l’abstention de vote. Enfin MYOC (Make Your Own Choice) est une plateforme en ligne, non partisane et indépendante, qui permet de prendre connaissance des programmes politiques et de les comparer, afin que chaque électeur puisse aller voter en âme et conscience.

Malgré un manque général d’intérêt et d’information parmi les jeunes, une part d’entre eux monte des projets afin de mener leur génération vers une conscience politique. Ce faisant, ils prouvent que l’insouciance qu’il reste à notre génération est un moteur pour avancer et créer une citoyenneté concernée.

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