Six jeunes se retrouvent dans les rues de Forest, ils traînent, passent des moments ensemble. Deux policiers débarquent pour les contrôler. « Pièces d’identité », crie l’un d’eux. Un des jeunes, sans présence des papiers nécessaires, est embarqué pour passer quelques heures dans le cachot. Ceci est une fiction théâtrale réalisée mercredi 21 octobre, dans le cadre du festival Bruxitizen. Mais dans certains quartiers de Bruxelles, c’est la routine que vivent certains adolescents d’origine étrangère. On découvre à la fin de l’histoire que les jeunes sont solidaires et généreux envers les réfugiés.
La pièce de théâtre a été réalisée en quelques semaines par les jeunes Forestois avec l’aide de l’ASBL Soyons solidaires. « On veut casser cette image de jeunes délinquants, on dit trop souvent que les jeunes sont des voyous », décrit Oussama, 17 ans. Durant la pièce, il a joué le rôle d’un adolescent opprimé par la police. « Oussama, on connaît ce nom ! », répétaient les faux policiers. Malgré la froideur des policiers de la fiction, les jeunes continuent de donner de leur personne pour aider les réfugiés. « J’ai réalisé cette pièce car la thématique m’interpellait et pour l’expérience, pouvoir parler devant un public» ajoute-t-il tout sourire d’enfin pouvoir s’exprimer au-devant de la scène.
Le théâtre leur permet de se faire entendre et d’élever leur voix contre tous ces préjugés.
Le krump, un véritable exutoire
D’autres jeunes du BruXitizen ont pu s’essayer à cette danse atypique qu’est le Krump. Poitrine bombée, tapements des jambes au sol : par ces nombreux gestes brusques, les enfants âgés de 12 à 15 ans s’expriment et évacuent toutes leurs frustrations. La gestuelle d’apparence violente voire animale est en réalité un véritable exutoire. « C’est un moyen d’expression par la danse qui nous permet d’extérioriser toutes nos émotions », explique Gustave alias Terry Boy, d’origine camerounaise.
Le jeune homme pratique cette danse depuis 23 ans. Membre du collectif bruxellois « Krump your Life », il s’est occupé de cet atelier durant le festival. Selon lui, cette danse est un moyen d’expression pour les jeunes issus des quartiers sensibles. C’est aussi un langage universel. « Parfois, il m’est arrivé de me retrouver dans des pays comme l’Allemagne ou la Pologne où on ne parle pas du tout la même langue. Malgré tout, les gens arrivaient à se faire comprendre grâce au krump », explique-t-il.
Terry Boy compare même le krump au langage des personnes atteintes de surdité : « Les sourds communiquent entre eux avec des gestes et par leurs mains ; c’est pareil pour le krump.Oon peut même apprendre à faire des phrases : dire « Je suis parti » en krump est possible. »
Bouge comme un clown
Thomas Johnson est le pionnier du krump. Terry Boy revient sur son histoire. “Après avoir purgé une peine de cinq ans de prison pour trafic de drogues, il a décidé d’œuvrer pour les jeunes des quartiers difficiles de Los Angeles. Il s’est déguisé en clown et a dansé pour animer les fêtes d’anniversaire. Cette danse du clown a trouvé un nom : le clowning. » Les jeunes se sont alors réapproprié cette danse pour en faire un mouvement : le krump.
Les enfants présents à l’atelier ont adoré l’activité. « Au début, ils étaient un peu hésitants. Le krump est une danse mystérieuse mais une fois qu’ils ont compris les mouvements, ça s’est très bien passé », conclut-il. Que ce soit par le théâtre ou la danse, les jeunes issus des quartiers sensibles trouvent ce dont ils ont toujours manqué : un moyen d’expression.