“La curiosité, c’est le moteur. Il faut aller vers d’autres univers que le sien.”, explique Yoann Zimmer, un jeune acteur belge venu rencontrer des élèves du secondaire à l’occasion du FIFF à Namur. Les trois comédiens qui l’accompagnent ont notamment évoqué la difficulté de se faire une place dans le cinéma en Belgique et les choix qu’ils doivent faire pour poursuivre leur rêve.
Dans la salle de cinéma qui accueille la rencontre, le principe est simple : les acteurs lancent le dé posé sur la table devant eux. Ils disent le chiffre tombé à haute voix. L’étudiant auquel correspond le chiffre se lève et énonce le mot écrit sur la carte qu’il a reçue au début de la séance. Un mot pour interroger les acteurs sur leur expérience, leur parcours, leurs difficultés, leurs conseils.
“Paris“, lit un élève sur sa carte numérotée. “On me dit Paris, je dis Thalys“, répond en riant la comédienne Bwanga Pilipili. Les acteurs, contraints de s’exporter à cause du manque d’opportunités en Belgique, doivent faire des concessions pour vivre de leur passion. “Les aller-retours en Thalys, c’est cher et ca prend du temps. Il faut le savoir. Mais on n’a pas vraiment le choix“, complète l’actrice du film Black.
“La France, c’est un passage obligé parce que déjà, en Belgique on ne peut pas avoir d’agent. C’est considéré comme du proxénétisme. Pourtant, on a besoin des agents. Et les agents, eh bien… ils sont à Paris“, explique Yoann Zimmer, révélé dans “Deux jours, une nuit” des Frères Dardenne.
Les acteurs belges traversent les frontières
Les agents ne sont pas la seule raison de ces trajets vers l’étranger des quatre acteurs. Selon Roda Fawaz, comédien dans le film Cargo de Gilles Coulier, “la différence principale entre la France et la Belgique, c’est que là-bas, il y a la possibilité de croire en autre chose. Ici on est coincés. À Paris, il y a toujours la possibilité d’une surprise, d’une rencontre, de l’inattendu.” Les acteurs belges, qui tentent de se faire un nom dans le cinéma, se sentent confrontés à un trop petit marché en Belgique. “Quand tu es Belge, tu es vraiment coincé“, ajoute-t-il.
L’audace de la Flandre, comparée au cinéma francophone, est également soulignée. “Là-bas, il y a beaucoup plus d’insolence et plus d’audace. Quand je vois ce que les réalisateurs flamands font, je suis assez scotchée. Ils continuent d’inventer et de créer“. Et l’actrice- réalisatrice, Salomé Richard, d’ajouter : “Il y a un truc que les Flamands ont très bien compris, c’est qu’ils ont envie que la culture s’exporte. La culture francophone, c’est une cata au niveau international. Lequel d’entre vous a déjà vu un Dardenne ? Même nous, on ne les a pas vus ! Allé quoi. On ne connait rien !“.
« Paris c’est le travail. Bruxelles c’est la maison. »
Ils se désolent également que les francophones jouent rarement aux côtés de Flamands et que les films ne soient pas bilingues. Bwanga s’enthousiasme néanmoins : “Moi, je trouve ça génial quand les Néerlandophones disent ‘Je peux m’asseoir sur le chaise’, avec leur accent. Personne ne dit rien ! Moi aussi je dois pouvoir me tromper sans que personne ne dise rien. Alors j’essaye pour ouvrir mon horizon.”
Malgré les difficultés rencontrées dans le cinéma belge pour ces jeunes acteurs, ils restent tous très attachés à leur pays. “Paris, c’est le travail. Bruxelles, c’est la maison“, termine Salomé avant d’encourager les jeunes à poursuivre leur rêve de devenir comédien.