Dans la hotte du Grand Saint, poupées et petites voitures sont doucement remplacées par les objets high-tech. En effet, cette année, c’est bel et bien les jouets connectés qui sont les plus plébiscités par nos chérubins. Et la mode est aux robots, comme l’affirme le groupe Dreamland : « Cette année, des robots de tous les styles et de toutes les tailles déferlent sur le monde. » Parmi eux, il y a le Meccanoid G15 KS, par exemple, qui « répond à 50 commandes vocales préprogrammées, se déplace très facilement, peut discuter avec vous, raconter des blagues et jouer à une variété de jeux. »
L’influence de ces jouets intelligents sur leurs jeunes utilisateurs reste incertaine, selon Louise Jocelyn, psychologue pour enfant : « L’impact réel de ces jouets reste une véritable inconnue, parce que la génération d’enfants qui ont eu affaire à eux n’a pas encore atteint l’âge adulte. Par contre, on peut déjà voir des effets chez les nouveaux adolescents, ce qui nous permet de faire des prévisions. » Des prévisions qui ne sont pas rassurantes, malheureusement. « Cette génération a tendance à rester davantage dans sa bulle, à communiquer moins. »
L’âge du jeu, essentiel pour l’enfant
Ce phénomène de repli n’est pas étonnant, à en croire la psychologue. « La période de 5 à 10 ans est essentielle pour l’enfant. Dans cette zone d’âge là, il apprend à structurer sa pensée. »
Et pour l’épauler, l’enfant a à sa disposition un outil pédagogique de choix : le jeu. « Par le jeu, il apprend, imagine des scénarios, teste plusieurs personnalités. Il est tantôt le gentil, tantôt le brigand. Il teste plusieurs émotions aussi : de la colère à la joie, de l’amour à la haine. Tout cela, ça permet de structurer sa personnalité. »
La différence entre les enfants qui ont l’habitude de jouer et ceux qui ne l’ont pas est assez marquée : sans le jeu, ils n’ont pas la distance nécessaire pour doser leur réaction. « Avec leurs phrases préenregistrées, les jouets high-tech permettent moins d’exprimer des sentiments. Ils n’offrent pas assez de recul, non plus. Du coup, les émotions de l’enfant sont mal gérées, ou moins bien. »
Il n’est donc pas étonnant d’entendre que l’usage des jouets connectés pourrait avoir une incidence sur la formation de la personnalité du bambin. « Sans avoir déjà testé ce type de situation à travers ses jouets, comment l’enfant peut-il savoir si une grosse colère est adaptée à un oubli de goûter, par exemple ? »
Les jeux électroniques offrent d’autres avantages, par contre. Ils permettent aux jeunes de devenir plus indépendants. « Mais ont-ils vraiment besoin d’indépendance, à un si jeune âge ? » s’interroge la psychologue.
Un impact à relativiser
Néanmoins, il convient de ne pas s’alarmer. Jouer avec un robot intelligent n’est pas systématiquement synonyme de troubles de personnalité. « Si à côté de cela, les parents continuent de donner des occasions à l’enfant de se mettre en scène, comme il peut le faire par le biais des activités extrascolaires, le manque peut-être comblé. » La psychologue ne condamne donc pas tout à fait ces jouets.
« Malheureusement, pour bon nombre de famille, les jeux connectés et les jeux vidéo sont choisis pour des raisons de facilité. C’est donc plus souvent dans ces familles qu’on ne prend pas, ou plus, le temps de faire des activités avec l’enfant, pour contribuer à leur éveil. »
La société Dreamland l’affirme cependant, les jouets traditionnels ne sont pas morts : des poupées à l’effigie d’Anna et Elsa (La Reine des Neiges), aux dinosaures de Jurassic Park, en passant par les peluches minions. Cette année encore, ils occuperont une place de choix dans la hotte ou sous le sapin.