Prostitution Saint-Josse
05
Mar
2016

Des taxes et des heures de fermeture sont imposées aux lieux de prostitution. Le secteur y voit une forme de "proxénétisme légalisé".

Les néons éclairent la rue d'Aerschot. Le travail des prostituées bat son plein. Photo : BBB

Des taxes et des heures de fermeture sont imposées aux lieux de prostitution. Le secteur y voit une forme de "proxénétisme légalisé".

05 Mar
2016

Les prostituées s’estiment dépouillées par la commune de Saint-Josse

Les travailleuses du sexe occupent depuis longtemps quelques-unes des rues situées à l’arrière de la Gare du Nord. Autour de la rue d’Aerschot qui fait office de vitrine luxueuse de la profession, les rues de la Prairie, des Plantes et Linné laissent place à un spectacle peu réjouissant. Dès la tombée de la nuit, les néons colorés qui encadrent les vitrines deviennent quasiment la seule source lumineuse de ces rues.

De nombreuses familles vivent au milieu des prostituées, des maquereaux, des clients et des dealers de toutes sortes. Les incivilités sont légion. Ce quartier est laissé à l’abandon par ses habitants et les autorités. Les déchets jonchent les rues et selon certains, les poubelles ne sont pas toujours ramassées.

Pour contrer cela, les autorités, par l’entremise du bourgmestre de Saint-Josse, Émir Kir, tentent à tout prix d’éradiquer la prostitution. Ce dernier explique vouloir fermer les lieux de prostitution la nuit et le dimanche « pour apporter de la quiétude et de la qualité de vie aux habitants ».

Des taxes et des bars fermés entre 23h et 7h

Le premier mars, un nouveau règlement encadrant la profession devait entrer en vigueur. Le Collège communal a finalement décidé d’observer une période de transition d’environ un mois qui permettra de sensibiliser les différents acteurs de la prostitution. Après cela, plus question d’ouvrir les bars 24 heures sur 24. Les propriétaires auront l’obligation de fermer entre 23 heures et sept heures du matin du lundi au samedi, mais également toute la journée du dimanche.

Le tarif du certificat de conformité est également revu à la hausse. Pour l’ouverture d’un dossier, une travailleuse du sexe devra désormais débourser la somme de 2500 euros sans avoir la certitude qu’il soit accepté par les autorités communales de Saint-Josse. Cette mesure a été mise en place pour contrer certains problèmes rencontrés dans le milieu de la prostitution comme l’insalubrité des bâtiments loués aux prostituées. Pour l’obtenir, il faut répondre à un nouveau règlement d’urbanisme et à un règlement de police. Il autorise une prostituée à occuper un lieu dans le cadre de ses fonctions pour une durée de cinq ans.

Enfin, la taxe communale que devront payer les propriétaires de carrées, rez-de-chaussée d’habitations privées loués à des fins de prostitution, passera de 950 à 3000 euros. Afin d’éviter les déplacements de la prostitution des vitrines à la rue et l’augmentation des taxes, les prostituées et les propriétaires ont introduit un recours devant le Conseil d’État.

Des taxes “pour remplir les caisses du CPAS”

Si pour Emir Kir, ces mesures sont un outil nécessaire pour lutter contre la traite des êtres humains dans le quartier, elles passent mal du côté des carrées. Pour une travailleuse du sexe interrogée (voir le diaporama sonore ci-dessous), elles s’apparentent à une forme de “proxénétisme légalisé” de la part de la commune. Une autre estime que les taxes sont destinées “à remplir les caisses du CPAS”. Elles s’estiment flouées et dépouillées par la commune. Et selon elles, ces mesures ne vont qu’incitent les filles à travailler en rue, dans l’illégalité.

 

 

 

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