Tout l’indique mais pourtant, elle n’existe pas. L’infirmerie du Palais de justice de Bruxelles, fermée depuis des années, n’aurait peut-être jamais existé.
Ce n’est pas ce qui m’a marqué le plus en entrant. J’ai même dû bien ouvrir les yeux pour la remarquer. L’infirmerie du Palais de justice. À vrai dire, on ne peut pas vraiment parler d’infirmerie. Même pas du tout. Pourtant tout l’indique. Des signaux lumineux, des pancartes même, nous guident à travers le labyrinthe du Palais de justice bruxellois, nous demandant tantôt de tourner, tantôt de continuer tout droit. Mais au bout du chemin, rien. Une porte close. Sur celle-ci, un mot en flamand est placardé, nous demandant de composer un numéro de téléphone pour les premiers secours. Sur ce mot est aussi indiqué un numéro de brevet arrivant à échéance le 18 juin 2013.
Il n’existe donc pas d’infirmerie dans le Palais de justice.
Une trousse à pharmacie et sinon… l’ambulance !
Au détour du couloir, j’interpelle une avocate qui m’indique qu’elle n’a jamais vu ouverte cette prétendue infirmerie. « Ils se fichent de nous ! », m’assène-t-elle. D’autres m’assurent qu’il existe quand même bien un lit derrière la porte close de l’infirmerie. Les rumeurs parlent même d’une armoire à pharmacie et d’une boîte de Dafalgan. Je décide d’interroger les dames de l’accueil. L’une d’entre elles travaille au Palais de justice depuis quinze ans. Mais rebelote ! Elle non plus ne l’a jamais vue ouverte. Les panneaux ont été installés avant qu’elle ne commence. « Il existait quand même des volontaires qui s’occupaient de donner les premiers secours, mais on ne les a plus vus depuis des années », m’explique-t-elle. Je commence même à me demander si les panneaux n’ont pas été installés pour la forme. Quand il arrive quelque chose, une blessure, un malaise, que faites-vous, je demande. « Si c’est grave, on attend l’ambulance, sinon pour les bobos, on appelle le service de surveillance, ils ont une trousse à pharmacie». Espérons que cela ne soit pas trop grave alors.