Un mur, une peinture : la bombe est un pinceau pour Corentin « Spear » Binard.
Ni un graffeur, ni un streetartiste, Corentin se définit comme peintre. Bruxellois d’origine, à 26 ans, il vit de son dessin depuis trois ans. Une peinture qui sort de la norme. Il peint des portraits. Le plus souvent sur des murs. Son style : un réalisme proche de la photographie. « Spear », c’est sa signature. Architecte diplômé à la Cambre, il ne s’est jamais projeté dans ce métier. Grâce à ses études, il a appris le travail de la matière et une manière d’aborder son métier. « Il y a des hauts et des bas mais ça apprend à relativiser ». Son voyage en Amérique Latine en 2011 lui a donné le goût des rencontres. L’aventure commence chez un tatoueur à San Pedro, au Bélize : « c’était super cher et je me suis dit, je vais trouver un deal avec ma peinture ». Il y retourne deux fois parce que, pour lui, ce continent « c’est un truc de ouf ».
Ketchup, chocolat et peinture : un mélange hors du commun
Corentin voyage d’auberge en auberge et propose ses portraits en échange d’un logement, d’un repas, d’une simple hospitalité. Il établit des liens forts avec les habitants. Son périple n’est plus un simple voyage touristique. « La relation que tu as avec les gens est incroyable. Le contact est plus facile, plus vif qu’à Bruxelles. Je me souviens d’une mama latino, elle m’apportait mon dîner quand je faisais un mur et on mangeait à deux, assis sur le trottoir. Via la peinture, ça m’a permis de créer plein de relations que je n’aurais pas pu nouer juste en tant que touriste qui voyage ».
Aujourd’hui, Corentin essaye de reprendre ses marques à Bruxelles. Il a son propre atelier près de la place Stéphanie. Il travaille sur différents supports mais aussi avec plusieurs techniques. De l’acrylique à la bombe, en passant par le ketchup ou encore le chocolat, il essaye de diversifier ses moyens d’expression.
Des bombes, mais pas de victimes
Spear, sa signature, fait référence au film « Ocean Eleven ». Une « spear » est la bombe qui détraque tout ce qu’il y a d’électronique dans la ville. « Ce que j’appréciais dans l’idée, c’est de pouvoir remettre tout le monde sur le même pied d’égalité juste avec un objet. Et tout ça sans faire aucune victime ».
Fin novembre, Spear a exposé à Tour & Taxi. Le futur ? « J’essaye de pas faire trop de plans, je prends un peu les choses comme ça vient. Cette expo, elle va définir ce que je vais faire plus tard ». Peut-être un quatrième voyage en Amérique Latine ? Plus proche de Bruxelles, Spear s’enthousiasme à l’idée de marquer de son empreinte les rues de Londres qui recèlent selon lui un haut niveau artistique.
Spear a aussi mis en place un projet sur le long terme : « Painted for them ». Lancé il y a deux ans, il consiste à verser l’entièreté des bénéfices tirés de la vente de ses peintures pour organiser des distributions de nourriture, de vêtements, que ce soit en Amérique Latine ou en Belgique. Toujours le même mot d’ordre : le contact avec les autres.
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