OCAM, qui ne connaît pas encore cet acronyme ? L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace est au centre de l’actualité récente suite à la fameuse alerte de niveau 4 décrétée à Bruxelles du 21 au 26 novembre dernier. Cependant, l’organisme présente une communication assez réservée et une certaine opacité dans son fonctionnement.
Des employés anonymisés
Les employés de l’OCAM se divisent en deux catégories principales : des experts et des analystes. Les experts sont des employés détachés des différents services d’appui qui fournissent du renseignement à l’OCAM. Les analystes, eux, sont recrutés ailleurs, de manière discrète.
Hormis le directeur André Vandoren (démissionnaire, il sera remplacé dans les prochaines semaines) et la directrice adjointe Nadine Meunier, aucun nom n’est connu publiquement. Benoît Ramacker, porte-parole du Centre de crise, nous explique pourquoi : “On ne connaît pas publiquement les analystes et les experts de l’OCAM tout comme on ne connaît pas les agents de la Sûreté de l’État. C’est confidentiel, pour leur propre sécurité, pour qu’ils puissent faire leur travail sans avoir de pression ou de menaces. C’est le métier qui l’exige, tout le monde doit accepter ça.”
Chaque personne travaillant à l’OCAM est soumise à une enquête aboutissant à une “habilitation de sécurité” délivrée par l’Autorité nationale de sécurité (ASN). C’est-à-dire que chaque employé doit être digne de confiance pour ne pas divulguer des informations sensibles.
Pas d’informations brutes
L’OCAM n’a pas pour mission de rechercher des informations (son directeur s’est d’ailleurs fait réprimander pour de telles activités en juillet dernier) mais bien de traiter celles qu’il reçoit de ses différents services d’appui. Cependant, lesdits services émanent de différents ministères et les informations que l’Organe reçoit ne sont pas brutes, mais déjà traitées. Mais finalement, un tel système est-il véritablement indépendant ? On peut se poser la question dans la mesure où “Indépendance”, c’est le maître mot quand il s’agit de qualifier l’OCAM.
Mais peut-on certifier à 100% cette indépendance alors que tout ce qui encadre l’organisme procède du gouvernement ? Nous avons voulu poser la question à M. Vandoren, mais impossible de l’interviewer sans l’autorisation préalable du ministère de l’Intérieur, que nous n’avons – bien entendu – pas obtenue.
“Ses services d’appui dépendent indirectement de l’exécutif” précise Benoît Ramacker. “Mais je pense que justement, si l’OCAM est un peu plus indépendant, c’est qu’il a un regard. Tout le monde est conscient du rôle de chacun, il ne faut pas remettre en question l’indépendance de la Sûreté de l’État ou de la police. Personne n’a d’intérêt à cacher une information grave” défend le porte-parole.
Un manque de communication qui induit de la confusion
Attention à ne pas assimiler OCAM et Centre de crise : alors que l’un évalue la menace et donne des conseils, l’autre décide des actions à entreprendre sur le terrain. Certes, les deux missions sont liées, mais ce n’est pas l’OCAM qui décide d’envoyer des militaires en rue. Du moins, pas directement. Puisque l’Organe ne communique pas, c’est le Centre de crise qui est amené à s’exprimer à sa place, par exemple quand il s’agit d’expliquer le niveau 4.
“Pourquoi il y a une confusion ces derniers temps ? C’est parce que l’OCAM n’a pas de porte-parole, explique Benoît Ramacker. L’OCAM est mis en avant parce que ce sont eux qui ont fixé le niveau d’alerte. Ce sont eux les experts qui évaluent les informations disponibles. J’ai été amené à faire des explications par rapport aux niveaux de l’OCAM, même si je n’en suis pas le porte-parole. Mais l’important c’est d’expliquer ce qu’il se passe, même si ça crée de la confusion.”
Selon Emmanuel Goedseels, expert en communication de crise, si l’OCAM ne dispose pas d’un service de communication, c’est parce qu’il “n’a pas pour vocation d’informer le grand public, mais bien les autorités compétentes à savoir le gouvernement. Tout dépend de l’attribution donnée à cet organe. C’est présent dans ses statuts.” Cette absence de prise de parole découle donc d’une volonté politique. Indépendance disiez-vous ?