Cette saison, l’Union St-Gilloise a fait honneur à la capitale belge. Dans une division où il n’y a que deux équipes bruxelloises, les joueurs du stade Joseph Mariën n’ont cessé d’impressionner. Le club, avec l’un des budgets les plus serrés de la Proximus League, a enchainé des résultats honorables, avec 16 victoires. Une question s’impose donc : comment le Petit Poucet de la division 2 belge a-t-il pu décrocher la septième position du classement ? Pour trouver la réponse, il faut se rendre dans les travées du « Joseph Mariën. Il faut sentir la bière, les frites et la terre mouillée. Il faut entendre les cris et les chants perceptibles jusqu’à la place de l’Altitude Cent.
La réponse, ce sont les 2000 supporters qui viennent chaque week-end au « Parc Duden » pour soutenir leur équipe. Hommes, femmes, jeunes, vieux, d’origine lointaine ou « Echt Brusseleirs », tous sont liés par la passion de l’USG. Parmi eux, il y a Robert. Robert “Bob” Derissen plus exactement. Il est, selon Gustavo Lopez, administrateur du club, probablement le plus emblématique de tous.
« De toutes, Saint-Gilles est la plus belle »
Le Grand Robert, comme le surnomment ses compagnons de gradins, se considère à lui seul, comme un véritable « Bossemans et Copenolle vivant ». Il arbore encore un survet’ du RWDM, dernier signe de ses jeunes années passées dans le club de Molenbeek, mais est tombé amoureux de l’Union il y a déjà 18 ans. Entre son enfance molenbeekoise et son amour de St-Gilles, ce bourlingueur bruxellois aura vécu dans 12 des 19 communes de la capitale. « De toutes, Saint-Gilles est la plus belle » avouera-t-il.
Pour lui, Saint-Gilles est un petit village où tu croises des amis quand tu vas faire des courses. « Quand je pars au magasin pour 30 minutes, il suffit que je croise le Jean, Paul ou Jacques du coin pour que ça mette 1 heure de plus ». Il mange souvent au Waterloo avec des amis qui dirigent l’école de jeunes de l’Union. Il passe également du temps dans les cafés du quartier, la plupart tenus par des fans du club saint-gillois.
Supporter, mais pas fanatique
Vous l’aurez compris : le club est partout. Il a été jusqu’à déménager expressément dans la commune pour avoir le même nom sur sa carte d’identité que sur sa carte de fidélité de son équipe favorite. Il ne se considère pas comme un fanatique pour autant : « Je repeindrai jamais mon appart en jaune et bleu comme a pu le faire le locataire précédent (fan d’Anderlecht) avec le mauve. »
D’après lui, s’il fallait retenir un mot au sujet de sa personne, ce serait le mot « zwanze ». Un humour gouailleur qui lui colle à la peau et qui le définit parfaitement. Un esprit railleur et empreint d’autodérision dont il fait preuve à longueur de temps. Son classeur remplit de bouts d’articles de journaux où figure le mot « Union » en est un exemple parmi d’autres. « L’Union contre Berlusconi », « La Croatie intègre enfin l’Union » ou encore « Van Rompuy prend les commandes de l’Union ».
« Je ne peux pas vivre sans foot. Sans musique, sans femmes, sans bières peut-être… Mais pas sans foot ! »
Cela ne fait aucun doute : chez Robert, l’Union est partout. Et par tous. « Qu’on soit homme, femme, enfant, riche, pauvre, patron, employés : dans les gradins, on est tous les mêmes. Animés de la même passion. Quand une balle touche le poteau, tu réagiras de la même façon que la personne à côté de toi, peu importe qui elle est. »
Vie peu banale que celle de Bob : au chômage pour le moment, malgré une carrière allant de la librairie au cinéma en passant par le théâtre, un petit appartement rempli de collections de tasses, de vinyles et de bibelots rappelant le club de son cœur, un quartier devenu son village et une passion qui le dévore. « Je ne peux pas vivre sans foot. Sans musique, sans femmes, sans bières peut-être … Mais pas sans foot ! »
Baptiste Brodkom