Ce samedi 31 octobre se clôturera la 8e édition de la coupe du monde de rugby avec, en apothéose, cette grande finale entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie à 17 h (heure belge), à Twickenham. Les deux équipes mettront un terme à un tournoi qui en comptait 20 au départ. Pendant un mois et demi, le rugby aura suscité l’engouement auprès des foules. Au point de donner envie à certains de franchir le cap et de se mettre à la pratique de ce sport.
La Belgique n’est pas une terre de rugby, certes, mais les opportunités pour s’adonner à cette discipline existent bel et bien et sont plus nombreuses qu’on le croit.
Notre pays compte 13 000 affiliés répartis dans 65 clubs différents. 85 % de ces adeptes du ballon ovale sont francophones, pour 15 % de néerlandophones. Pour Claude Aronis, administrateur de la Fédération belge de rugby, la cause de cette disparité est culturelle : « Les francophones sont évidemment influencés par les médias français. »
Une compétition jugée trop peu populaire
Il est vrai que si vous voulez regarder la finale de samedi soir, il faudra vous brancher sur une chaîne française. Aucune télévision belge ne couvre cet événement mondial, jugé trop peu rentable pour l’audimat du plat pays.
Pourtant, la coupe du monde a donné envie à certains spectateurs de tenter l’expérience du jeu. « À chaque coupe du monde, l’augmentation est plus importante. Les affiliations augmentent chaque année, mais en 2015, on estime qu’on a au moins 15 % d’affiliés en plus ».
David est l’un de ceux-là. Il vient de rejoindre l’équipe des moins de 16 ans du Royal Kituro Rugby Club de Schaerbeek. « C’est la coupe du monde qui m’a donné l’envie ». Après avoir tâté le ballon rond pendant 7 ans, David a complètement abandonné le football pour le rugby, sport dont il apprécie les contacts et l’agressivité.
Un sport de « bourrin » ?
La notion de contact physique est une des bases dans le rugby et elle peut prêter à de nombreux amalgames. Loïc, membre des U16 également, joue au rugby depuis 8 ans et les réactions de ses copains lorsqu’il évoquait son sport n’ont pas toujours été tendres. « On me traitait souvent de bourrin, de gros, de brute, alors que pas du tout ».
À force d’encaisser les coups sans broncher, ces jeunes adolescents incarnent à merveille ce vieil adage anglais qui fait du rugby, un sport de voyous pratiqué par des gentlemans. « On est loin du cinéma que font certains footballeurs », sourit David.
Pour Loïc, le rugby « c’est la famille tu vois. L’ambiance, la sportivité, le combat qu’il y a tout en restant fair-play ». Une famille que l’on peut intégrer très tôt. Yannick a 9 ans et s’adonne au rugby depuis ses 5 ans. La plus jeune équipe est celle des moins de 6 ans.
Évidemment, à cet âge-là, les chocs physiques sont quasi inexistants. Il s’agit plutôt de psychomotricité et de développer le sens du jeu. Les contacts et la tactique s’apprennent plus tard.
Jean-Marc De Bruyne, entraîneur des U16, doit lui aussi être prudent avec ses joueurs. « C’est un groupe compliqué à gérer dans le sens où certains joueurs ne sont pas encore formés physiquement alors que d’autres sont déjà de grands gaillards. »
Aller plus haut
La Fédération belge de rugby est un organisme amateur et ne compte dès lors aucune structure professionnelle. Cas exceptionnel il y a une dizaine d’années, il n’est désormais plus rare que certains jeunes prennent la direction de la France en quête de professionnalisation.
L’administrateur de la Fédération tient cependant à mettre les candidats en garde : « Évidemment, on ne peut pas empêcher les jeunes qui veulent se professionnaliser de partir. Des joueurs partent vers la France où on leur promet monts et merveilles, mais il y a peu d’élus. Certains reviennent sans club, mais surtout sans diplôme ».
À la question d’aller voir plus haut, Loïc sourit « peut-être aller en « national » avec les seniors (NDLR : le Kituro est l’actuel champion de Belgique en division 1), mais pour l’instant, d’abord l’école ».
L’équation de la sous-médiatisation
Comme dans tous les milieux sportifs amateurs, les clubs reposent sur le travail de dizaines de bénévoles. Ceux-ci mettent tout en œuvre pour proposer un encadrement performant. Des équipes comme le Kituro possèdent même leurs médecins et leurs kinésithérapeutes. Ces professionnels sont présents le plus souvent possibles lors des entraînements, pour les jeunes comme pour les seniors.
Et pour diriger le rugby belge vers la professionnalisation, il faudra de la patience, mais surtout, de l’argent. « Pour faire des investissements dans les clubs, il faut des sponsors. Et pour faire affluer ces sponsors, il faut une couverture médiatique plus large. C’est aussi simple que cela », résume Claude Aronis. L’équation est simple, mais encore faut-il trouver les moyens de la résoudre.
Seul E.K. TV diffuse les matchs de la division 1 et des Diables noirs, l’équipe nationale belge de rugby.
Pour s’octroyer des fonds, les clubs doivent évidemment se lier à des sponsors, mais ils tentent aussi de nouveaux moyens de financement. C’est le cas du Kituro qui s’est dirigé vers le crowdfunding pour couvrir ses dépenses futures.
En effet, l’équipe senior va devenir la première équipe belge de l’histoire à participer à une coupe d’Europe. Cet argent servira aux déplacements en Espagne et en Allemagne, mais aussi à accueillir la formation romaine comme il se doit.
Le rugby belge évolue donc bien. Lentement mais sûrement. Les résultats des équipes nationales sont de plus en plus encourageants. Alors, en attendant une première participation des Diables noirs à la plus grande compétition mondiale de ballon ovale, la finale de ce samedi soir sera diffusée un peu partout à Bruxelles.
Des pubs du centre-ville à des endroits comme le Concert Noble, c’est l’occasion de vivre un grand match en compagnie d’amateurs et de pratiquants. Une chance de créer des liens avec, pourquoi pas, votre futur club.
La proportion d’affiliés francophones/néerlandophes est exagérée. 2/3 de francophones et 1/3 de néerlandophones est plus proche de la réalité
bel article copain!