La Belge Manon Masset baigne dans le pays des Matriochkas (poupées russes) depuis ses dix ans grâce à sa passion : la gymnastique rythmique. La Liégeoise a été à plusieurs reprises championne de Belgique. Particulièrement douée, elle a côtoyé de nombreux entraîneurs russes et ses talents ont très vite été repérés. Elle a pu ainsi partir en Russie afin de prendre part à certaines compétitions. Même si la langue russe était inconnue pour elle, la jeune fille s’est débrouillée avec les gestes pour communiquer avec les différents coachs : « Dans le sport, la barrière de la langue n’est pas un problème. »
Sa première passion en a entraîné une autre. Manon Masset est tombée amoureuse de la Russie. Après ses études secondaires, elle est partie pendant un an à Vladivostok, au sud-est du pays, avec le Rotary Club. « À l’époque, j’avais 17 ans, j’ai été logée dans une famille d’accueil. Ce fut un choc ! Je ne connaissais rien de la Russie, les premiers mois étaient très durs. Une vraie claque pour moi car j’ai dû me débrouiller. J’ai appris le russe et l’anglais. Cette année-là fut très enrichissante. »
À l’horizon moscovite, une carrière de journaliste
Après cette année sabbatique en Russie, Manon Masset décide d’entamer des études de journalisme à l’IHECS. La troisième année est une consécration pour l’étudiante : elle a l’opportunité de retourner en Erasmus dans son pays bien-aimé. La jeune Belge part pour six mois à Moscou où elle étudiera dans une des plus prestigieuses universités moscovites, l’université d’État Lomonosov de Moscou.
Son attrait pour le pays de l’Est se poursuit en Master où elle décide de réaliser son mémoire médiatique sur l’artivisme en Russie. « Lors de mon Erasmus en 2012, plusieurs manifestations anti-Poutine ont eu lieu et j’y ai participé. Ce rassemblement a marqué les esprits dont le mien. Cela m’a donné envie de réaliser un projet en Russie. »
Quand Manon Masset termine ses études à l’IHECS, elle décroche un stage à… Moscou au Courrier de Russie. Elle est formée par Nina Fasciaux. « Au départ, je devais faire deux mois au Courrier de Russie puis deux mois à la RTBF. Mais j’ai tellement aimé mon stage au sein de cette rédaction que je l’ai prolongé. Très satisfaite de moi, on m’a par la suite engagée. Je savais que vivre loin de ma famille serait difficile mais je ne pouvais pas refuser une telle opportunité, surtout à mon âge. »
“La neutralité dans les médias russes n’existent pas”
Travailler en tant que journaliste en Russie est une fierté pour elle. Depuis deux ans, la professionnelle de 25 ans s’épanouit en écrivant dans une rédaction française en Russie et non d’État. « Si un jour, j’ai l’opportunité de travailler pour un média russe en français, je dirai non. Car des rédactions comme Sputnik ou Russia Today (RT) sont détenues par le gouvernement et possèdent une ligne éditoriale très stricte. Le Courrier de Russie est beaucoup plus libre et part à la rencontre des personnes. Par exemple, si vous consultez la page Facebook de Sputnik, il y aura toujours des articles en faveur des Russes et en défaveur des Américains. La neutralité dans les médias russes n’existent pas. »
Malgré son épanouissement au sein de la population moscovite, Manon Masset rentre généralement tous les trois mois en Belgique. « Cela me fait du bien car on est plus relax. La mentalité russe est très différente et parfois j’ai besoin de souffler. » La journaliste ne pense pas rester toute sa vie à Moscou et souhaiterait rentrer en Belgique. Mais si elle revient, elle souhaiterait garder un lien avec la Russie car « la compétition est plus rude en Belgique qu’en Russie. Malgré la crise, c’est un pays qui se développe beaucoup. »
SEMAINE SPÉCIALE MOSCOU. Dans le cadre d’un échange à l’Université d’État Lomonosov de Moscou, 23 étudiants de l’IHECS ont intégré la faculté de journalisme pour une durée de deux semaines. Il s’agit de suivre un programme international sur le journalisme et ses enjeux en Russie.