Il y a plus de détenus dans nos prisons qu’en 2013 mais, parallèlement, le nombre de places disponibles a augmenté. Résultat : la surpopulation carcérale se porte mieux. L’explosion du nombre de bracelets électroniques, en 2014, pourrait expliquer cette tendance.
« Pour moi, la population carcérale n’a pas diminué ». C’est ce qu’a déclaré Michel Jacobs, secrétaire fédéral de la CGSP. C’est vrai. Mais en valeur relative, il y a un écart moins important entre le nombre de places disponibles et le nombre de détenus par rapport à l’année dernière. Le syndicaliste nuancera tout de même ses propos et regrettera que la situation actuelle dans les prisons soit toujours aussi déplorable.
Selon Statbel.be, à la date du 1er mars 2014, il y avait 11.769 détenus au sein des établissements pénitentiaires pour 9.592 places. L’année dernière, 11.732 individus pour 9.255 places. Quand on sait que depuis 2008, c’est environ 300 à 400 détenus par an qui viennent s’ajouter, il est étonnant qu’à peine 37 détenus aient passé les portes des pénitenciers cette année. Au regard des chiffres, la surpopulation carcérale est passée de 26% à 22% en une seule année.
Vers une stabilisation de la population carcérale ?
L’incarcération prend en compte toutes les personnes qui doivent effectuer une peine de prison, quelle qu’en soit la durée. Comme les statistiques ont été enregistrées au 1er mars, le nombre d’incarcérations et de détenus ne correspond pas, car certains individus n’ont purgé que quelques semaines voire quelques mois de prison et n’ont donc pas été comptabilisés. En 2014, le nombre total d’incarcérations s’élève à 17.914.
Laurent Sempot, le porte-parole de l’administration pénitentiaire, estime qu’on tire trop souvent à boulets rouges sur les décisions politiques : « Nous avons fait beaucoup d’efforts en termes d’infrastructures sur les dernières années, notamment en termes de place. C’est la première fois depuis 25 ans que la population carcérale se stabilise. Il serait temps de le reconnaître ».
Le bracelet électronique : la solution ?
Mais pour Michel Jacobs, « la solution du bracelet électronique est une politique menée pour réduire la surpopulation carcérale, d’où la stabilisation qu’on rencontre cette année ». Le nombre de condamnés qui portent un bracelet électronique a en effet explosé en 2014. Selon Statbel.be, il y en aurait plus de 1.800, pour à peine 1.070 l’année dernière, soit une augmentation d’environ 70%.
Le délai d’attente entre la condamnation et le placement du bracelet a été fortement réduit. Il faut désormais cinq semaines en moyenne pour l’obtenir. La liste d’attente reste néanmoins importante, à hauteur de 1.100 individus, mais elle connaît une nette diminution. Il semblerait que le système « Last in First Out » (les personnes qui sont condamnées le plus récemment reçoivent leur bracelet très rapidement) fasse son effet.