Molenbeek commémore les 70 ans de l’immigration italienne cette année. En raison de l’attention médiatique, la commune au passé industriel veut souligner l’apport de l’immigration.
Le 23 juin 1946, la Belgique signait un accord bilatéral avec l’Italie. Loredana Marchi, directrice du Foyer, précise que « L’Italie s’engageait à envoyer 2000 italiens par semaine. En contrepartie, la Belgique devait envoyer des sacs de charbons ». Cette date symbolique est mise à l’honneur dans la commune. De nombreuses associations italiennes de Bruxelles, l’échevine Annalisa Gadaleta (Groen) ainsi que le Foyer ont lancé l’initiative.
Molenbeek a toujours été une commune à grande diversité culturelle grâce à son emplacement stratégique. Le cœur des quartiers industriels de Bruxelles se situait en plein centre de Molenbeek. Plus précisément, à La fonderie de Molenbeek, devenue le musée des industries et du travail. « Les industries se sont développées à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle grâce au percement du canal de Charleroi. Il a permis l’importation des matières premières comme le Charbon et le minerai du Hainaut et l’exportation vers l’Escaut et la mer du Nord » raconte Benoît Lebrun, guide au musée de La fonderie. Le terrain marécageux et les prairies de ces quartiers ont contribué à l’industrialisation de la ville de Bruxelles. De Molenbeek à Schaerbeek, on parle de croissant industriel. En 1870, les industries s’installent et ont besoin de main-d’œuvre.
Une première vague de migrations internes
« Ce sont, d’abord, des paysans ruraux très pauvres qui viennent s’établir à Molenbeek », explique Benoît Lebrun. Les populations rurales belges se déplaçaient vers la capitale du pays. « Entre les deux guerres, ce sont surtout les Flamands de Flandre occidentale qui venaient s’installer dans la commune », ajoute Loredana Marchi. Les années passèrent et cette population autochtone devenait vieillissante ou quittait au fur et à mesure la commune.
Toujours en quête de main-d’œuvre, la Belgique se tourne vers d’autres pays. Vient alors ce premier protocole entre l’Italie et la Belgique. Les Italiens étaient envoyés dans les mines du Hainaut ou dans les industries bruxelloises. Molenbeek comptait jusqu’à 20% d’habitants italiens. Une majorité qui jusqu’il y a deux ans se ressentait très fortement dans la démographie nationale belge. Cet accord a duré jusqu’à la catastrophe de Marcinelle en 1956. Le charbonnage du Bois du Cazier fut la catastrophe minière la plus importante en Belgique, causée par un incendie. Peu à peu, l’Italie mit fin à cet échange. L’État belge, toujours à la recherche de mains d’oeuvres au prix les plus bas fit arriver une population maghrébine et turque.
Molenbeek a toujours été une plaque tournante de l’immigration et le reste encore avec la venue des réfugiés politiques. « Hélas pour la commune, une fois que les populations sont bien installées et bien intégrées, elles quittent la commune », regrette Loredana Marchi. En 2014, Bruxelles fêtait aussi les 50 ans de l’immigration maghrébine et turque. La commune de Molenbeek apporte une valeur particulière à ce type de célébration afin de se souvenir des nombreuses communautés qui ont construit Molenbeek et la Belgique par la même occasion.