Dans le cadre d’une conférence Protagoras, le directeur de la communication du MR, Olivier Asteens a énoncé les points forts, mais aussi les points faibles des campagnes de communication du parti. Il a notamment reconnu des failles de communication autour du TaxShift et du fameux CETA. Dans un cas comme dans l’autre, c’était avant tout un problème de clarté. En ce qui concerne le TaxShift, ils avaient mal communiqué sur le concret. Ils ont donc lancé une campagne pour mettre en avant leur site Internet qui permet de calculer la somme totale de bénéfices annuels sur un an, pour M. et Mme Tout-le-Monde. Cette campagne mettait en scène de vraies personnes témoignant d’un réel gain sur l’année. Une campagne qui a été détournée par le PS en certifiant des pertes pour les citoyens.
La réaction d’Olivier Asteens a été immédiate. Il a directement remarqué que les photos utilisées par le PS venaient de banques d’images et mettaient en scène des acteurs. Son équipe a retrouvé ces photos, en a pris d’autres ou les mêmes personnes souriaient et déclaraient réellement gagner de l’argent grâce au TaxShift. Une petite bataille qui illustre les changements dans la communication des partis qui n’hésitent plus à se lancer dans un jeu de ping pong communicationnel, au travers des réseaux sociaux.
Découvrez les effets concrets du taxshift sur https://t.co/VuXeatLP51 . Et pour vous, qu’est-ce que ça change ? pic.twitter.com/65qZiecw3c
— MR (@MR_officiel) 15 février 2016
Le gouvernement MR N-VA ne vous dit pas tout : pic.twitter.com/AaysSl4cR5
— Parti Socialiste (@PSofficiel) 18 février 2016
On a retrouvé vos témoins… @PSofficiel https://t.co/VuXeau3pWz #taxshift pic.twitter.com/qGwvb1GMGJ
— MR (@MR_officiel) 19 février 2016
À propos du CETA, on a beaucoup reproché au MR et à l’Europe de manière générale de “cacher” le contenu du fameux traité avec le Canada. Ce à quoi le MR a simplement répondu que le texte se trouvait sur Internet. Une erreur de communication reconnue par Olivien Asteens. Il a avoué qu’ils auraient dû mieux expliquer aux citoyens ce que contenait ce traité et également de détailler concrètement ce qui était en discussion.
Les jeunes parlent aux jeunes
La conférence s’est alors poursuivie en se focalisant sur la stratégie de communication développée pour mieux toucher les jeunes, car ils représentent une grosse part de l’électorat (les 18-25 ans donnent environ 30% de leurs voix au MR, contre 20% aux Ecolos et 12-15% au PS).
Et quoi de mieux pour parler aux étudiants que d’avoir avec soi un jeune représentant du parti, en la personne de Georges-Louis Bouchez ? Celui-ci vient au micro pour expliquer sa propre manière de communiquer qui, comme il le reconnaît lui-même, ne plaît pas à tout le monde, y compris au sein de son propre parti.
« Quand on est jeune, on peut se permettre de faire plein de propositions sur tous les sujets”
Les jeunes politiciens ont l’avantage d’arriver avec des nouvelles techniques de communication, de venir casser les codes. D’ailleurs, il justifie ce potentiel en deux phrases : « ce qui est bien quand on est jeune comme moi, c’est qu’on peut se permettre de faire plein de propositions sur tous les sujets. Les autres politiciens qui ont déjà une plus ou moins longue carrière derrière eux doivent se tenir à une certaine réputation mais moi, je ne suis personne, donc j’ai tout à y gagner. » Le directeur de communication de son parti valide ses arguments, mais il évoque aussi les risques d’une telle communication. Notamment celui d’énerver les politiciens chevronnés, et surtout ceux de son propre parti. Il ne doit pas se louper, mais le risque en vaut la chandelle car à l’arrivée, Georges-Louis Bouchez est présent partout.
Georges-Louis Bouchez évoque enfin les difficultés des partis à s’inscrire dans la durée, à s’adresser aux citoyens avant de répondre à leurs adversaires. Selon lui, « les partis politiques ne veulent pas perdre ». C’est pourquoi ils ont parfois tendance à se focaliser davantage sur l’impact qu’une “sortie médiatique” ou qu’une interview aura sur les autres partis, plutôt que sur les citoyens.
Une conférence sur la com’, bon coup de com’
Le MR était l’exemple pour illustrer le sujet de cette conférence, et est globalement resté neutre sans basculer dans une mise en valeur des ses qualités ou de son programme, même si elle est parfois inévitable, il faut le reconnaître. Malgré tout, les deux intervenants ont joué le jeu, en acceptant de revenir sur certaines erreurs ou “failles de com'” mais également sur la façon dont ils ont procédé pour les résoudre. Une opération instructive qui fût, d’une certaine façon, un excellent coup de com.