C’est flagrant. Aujourd’hui et depuis de nombreuses années, ce sont en majorité les productions flamandes qui se chargent de représenter la Belgique à l’international. Le fait est que la Fédération Wallonie-Bruxelles est à la traîne. À qui la faute ? À tout le monde, ou à personne, c’est selon. Ce qui est sûr, c’est que notre beau pays fédéral a conduit à la création de deux scènes nationales, imperméables l’une par rapport à l’autre. Les artistes de la scène la plus dynamique ont donc plus de chances de nous représenter auprès des voisins. De quoi consterner les talents de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui sont peut-être nés du mauvais côté de la frontière linguistique.
Voici deux graphiques illustrant la place des artistes belges dans le top 100 des singles les plus écoutés des trois dernières années :
La Belgique, une colonie musicale
La Belgique est un pays globalement colonisé, en ce qui concerne l’importation de singles du top 100. Cela peut paraître normal, étant donné la petite taille de notre marché, la qualité de certaines structures étrangères et l’excellence de leurs productions. Néanmoins, les Flamands importent 9% de moins que les Wallons, et arrivent à maintenir un peu plus de 14% de productions propres dans le top 100 des singles. D’autre part, la Fédération Wallonie-Bruxelles a importé 91,7% de singles de l’étranger. De plus, nous n’avons écouté que 4,6% de productions propres, selon ce classement. Ce dernier chiffre est particulièrement frappant.
Stromae représente 70% des productions de la FWB écoutées en Flandre
Grâce à son originalité et une communication extrêmement planifiée, Stromae s’est très rapidement fait une place à l’international. Son histoire est unique et ce qu’il a fait tient de l’exploit. Devenu fierté belge, nous nous le représentons aujourd’hui comme l’un des symboles du pays. À tel point que son business représente 70% des top singles francophones écoutés par les Flamands ces trois dernières années. En 2014, les Flamands écoutaient 4% de nos productions. 4% détenus par… Stromae. Ses titres représentent par ailleurs 50% des top singles que nous avons écoutés entre 2013 et 2015.
Autre cas isolé dans le secteur francophone: Loïc Nottet. Il fut l’an dernier l’unique représentant francophone dans ce top 100, grâce à « Rythm Inside », œuvre belge sélectionnée pour le Concours Eurovision de la Chanson.
Qu’en serait-il donc sans Stromae ? Son méritant succès sert-il de « cache-misère » pour les artistes francophones ? Il y aura toujours des exceptions qui sortiront du lot, mais la FWB peut-elle s’en contenter ?
Des réussites flamandes beaucoup plus diversifiées
En revanche, les artistes flamands venant conquérir nos oreilles sont plus nombreux et variés. Lost Frequencies, Oscar and the Wolf, Selah Sue, Hooverphonic ou encore Netsky… Autant de groupes ayant une réelle résonance en Belgique et à l’international. Peut-être ne sont-ils pas aussi populaires que Stromae, néanmoins cette diversification de la qualité est bien entendu avantageux pour l’ensemble de la scène flamande, des salles de concerts aux labels, en passant par les médias.
À choisir, un label a d’avantage d’intérêt à signer un groupe flamand
Comment en est-on arrivé là ? Cette inégalité est interpellante. Une fois le constat réalisé, vient le temps de se focaliser sur les différences notables entre les deux communautés en termes de structures, de vision politique, de couverture médiatique ou encore de culture.
Dans la deuxième partie de cet article, nous retrouverons les causes de ce déséquilibre.