Alertes à la bombes répétées à Bruxelles, plan Vigipirate activé en France… Les attentats de Paris soulèvent à nouveau la question de la présence militaire dans les rues. Les ministres NV-A de l’Intérieur et de la Défense, Jan Jambon et Steven Vandeput, y sont favorables. Ils travaillent à une proposition de modification législative qui permettrait de poster temporairement des militaires en rue pour assurer la sécurité de zones dites ‘sensibles’. L’idée est rejetée en bloc par le SLFP Police.
Le plus important syndicat policier oppose un « refus énergique » au projet NV-A de poster des militaires en rue, projet guidé selon lui par « la démagogie la plus crasse ». Dans un communiqué, le SLFP Police explique qu’il n’affiche aucun mépris vis-à-vis des militaires, mais que ceux-ci sont formés à l’art de la guerre.
« Nous exigeons par contre le refinancement urgent de la police pour qu’elle puisse assurer le service pour lequel elle existe, le véritable service policier à la population et pas un ersatz fait de bric et de broc, avec des personnes moins bien payées, moins bien formées, et peu désireuses de mener cette mission qu’on leur impose » poursuit le communiqué.
Les syndicats militaires partagés
Patrick Descy, secrétaire permanent du CGSP Défense, syndicat du personnel militaire civil de Belgique est lui aussi fermement opposé à cette idée. Selon lui, les militaires doivent demeurer sur les zones de guerre et non pas en ville, à sécuriser les lieux publics. Il rappelle que le travail des militaires et des policiers n’a rien à voir et que leur collaboration est difficile compte tenu de la différence de leurs statuts. « Ce sont des réactions émotionnelles qui finissent la plupart du temps par avorter ». Il souligne la « fausse bonne idée » émise par le gouvernement et estime peu probable que les militaires viennent appuyer le travail des policiers.
Un point de vue que ne partage pas Yves Huwart, délégué permanent du syndicat ACMP-CGPM, la Centrale générale du personnel militaire. Pour lui, c’est le rôle de la Défense de protéger le territoire, la population et les intérêts belges. « Pourquoi certains s’étonnent-ils du fait que des militaires pourraient être déployés dans des endroits où la sécurité des civils menace d’être compromise ? »
Yves Huwart note toutefois que l’idée n’est pas neuve, et que le gouvernement ne s’est pas donné les moyens de ses ambitions, en 2012, lorsque la proposition avait déjà été émise par la précédente ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet. La question qui se pose est de savoir qui va payer la facture. Dans une telle configuration, ce serait à l’Etat d’attribuer davantage de moyens au département de la Défense, or son budget est constamment diminué.
Encore au stade de la proposition, la présence généralisée de militaires en rue devra surmonter plusieurs négociations (salariales et budgétaires) avant de devenir réalité.