Aujourd’hui, nombre d’entre nous peuvent être touchés, de près comme de loin, par la pauvreté. « On est la première génération qui va vivre moins bien que ses parents », nous confiait le réalisateur et journaliste Patrick Severin lors d’une interview au sujet de son projet transmédia “Les nouveaux pauvres“.
Ces « nouveaux pauvres », cela peut être toi, moi, ton voisin. C’est pourquoi nous avons décidé de nous associer pour traiter cette thématique aussi sensible que complexe. Durant trois jours, les jeunes reporters et vidéastes amateurs du webmagazine namurois KulturOpoing débarquent à Bruxelles pour tenter, avec nous, de circonscrire les nouveaux visages de la précarité. A nos côtés, il y a aussi quelques étudiants de l’enseignement secondaire, venus découvrir le fonctionnement du BBB à l’occasion des congés de carnaval.
Après une première journée de travail durant laquelle nous avons présenté et échangé nos idées d’angles et de sujets, c’est maintenant l’heure d’aller sur le terrain. Et les questions se bousculent. Comment appréhender cette pauvreté ? Qui vise-t-elle ? Quelles solutions permettent d’améliorer la vie des personnes concernées ?
Tout au long de la semaine, vous seront proposés plusieurs articles traitant de cette thématique et ce, sous différents formats. Nos reporters s’intéresseront à quelques-unes des mille facettes de la précarité au sein de notre capitale, parmi lesquelles :
- Décryptage du nombre de sans-abris à Bruxelles ;
- Les aides et la prise en charge des personnes précarisées par l’association molenbeekoise “La Porte Verte”
- La mise en place d’un nouveau service sanitaire et d’ateliers culturels par l’ASBL DoucheFlux (à venir) ;
- Le cas des étudiants qui peinent à financer leur cursus dans l’enseignement supérieur (à venir) ;
- Les difficultés pour gagner décemment sa vie en tant qu’indépendant dans le secteur culturel et artistique (à venir) ;
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Ce petit mot juste pour vous rappeler que les sans-abris ne sont que la dernière marche, très minoritaire somme toute, des processus de précarisation ou d’appauvrissement qui touchent des pans toujours plus larges de la population. Jusqu’aux classes moyennes même désormais.
Parce qu’ils ne peuvent se mettre à l’abri… des regards et parce que leur situation est souvent dramatiquement choquante, les SDF sont devenus la figure emblématique de bien des reportages et des discours sur “la” pauvreté. Cette visibilité médiatique tient aussi à ce qu’il existe des dispositifs sociaux d’urgence qui mobilisent spontanément l’intérêt des journalistes : l’urgence est une valeur commune entre l’action sociale envers les SDF et l’action journalistique.
Mais lisez les rapports de toutes les grandes institutions économiques et sociales internationales: la vraie question aujourd’hui n’est pas celle de “la pauvreté”, mais davantage celle des inégalités, dont les expressions sont multiples y compris à Bruxelles.
Ne laissez pas une question “évidente” mais minoritaire comme celle des SDF masquer la véritable question sociale de notre temps: c’est l’offensive menée contre les allocataires sociaux via les politiques d’économie budgétaire et les réformes structurelles qui génèrent la précarisation et l’appauvrissement : revenus dégressifs des chômeurs, jeunes et stage d’insertion limité, réduction des revenus complémentaires pour les femmes (principalement) travaillant à temps partiel…
MSi .
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