Grands espaces aux architectures fonctionnelles, nous sommes au pied de la tour des finances. Le sol ici, délimite une frontière étrange entre deux univers. Ma tête regarde le géant de verre d’où s’échappent les derniers porteurs de cravate aux cheveux bien coiffés, alors que sous mes pieds se rassemblent les marginaux, les délaissés. Je m’apprête à descendre et balaie l’endroit une dernière fois du regard, la nuit s’installe en silence. Je remarque la camionnette des “Samaritains”. Un homme remplit l’ascenseur de vivres généreusement collectés. En haut, un monde s’éteint. En bas, un monde prend vie.
L’escalator m’emmène dans ce couloir du métro Botanique, chassé par un courant d’air permanent et illuminé par des néons d’un blanc violent. Quelques bénévoles, identifiables par leur chasuble, viennent d’arriver. Je me présente, et donne un coup de main à l’installation d’un dispositif étonnant. L’organisation est bien huilée, le couloir est vite transformé en salle de banquet conviviale : soupe, repas chauds, desserts, tables, poubelles et mange-debouts sont acheminés. Une file d’attente est créée le long de la rubalise pour gérer le flux d’ intéressés qui ne cesse de croître, patientant avec envie, sous l’euphorie des effluves de soupe chaude. Le signal est enfin lancé, que le festin commence. Le bénévole improvisé que j’étais s’équipe pour une autre mission : capter le réel de ces personnes. Je vous invite à notre table, pour découvrir ce diaporama sonore. Pas besoin de générique d’intro, Abdel s’en est chargé.