C’est un exercice très étrange que de se poser dans une station de métro et de regarder passer les trams, sans monter dans aucun d’entre eux… Mais c’est très instructif. Vous avez surement déjà fait la mauvaise expérience d’un téléphone qui se coupe à l’entrée du métro avant une demi-heure de route. Ou pire, d’oublier vos écouteurs. Bonne nouvelle ! Y’a de la musique en fait, dans les stations de métro. Merci qui ? Merci la STIB ! Enfin… c’est pas que j’aime pas Johnny, mais bon.
Je me suis lancée sur ce sujet en grande reporter, prête à tout faire pour rencontrer LE Dj de la STIB. C’est cool sur un CV d’être Dj de la STIB, et puis c’est l’un des seuls gars qui peut se vanter d’avoir eu un public de 370 millions de voyageurs en 2015, soit plus ou moins un million par jour !
Ma désillusion fut grande quand la STIB m’annonça qu’elle sous-traitait ce job de rêve à une société privée française. Si un poste était bien à créer chez le plus gros employeur en région bruxelloise, c’était celui-là. Dommage.
« La musique adoucit les mœurs »
Vous avez déjà entendu parler de la Muzak (contraction entre “musik” et “Kodak”), plus connue sous le terme de « musique d’ascenseur » ? John Van Tiggelen, musicologue, rappelle que la Muzak, c’est cette musique créée dans les années 30 aux Etats-Unis, et qui passe sans que nous ne n’y prêtions attention dans certains lieux publics (magasins, etc). Son objectif, c’est de vous faire adopter un comportement calculé par les forains de ce grand manège. A priori, elle est instrumentale, mais aux arrêts de la montagne Russe dont la STIB n’a que les rails à revendiquer, on a finalement décidé d’intégrer des paroles. Sans doute histoire de faire plaisir aux utilisateurs qui, une fois l’abonnement payé, n’ont plus de quoi s’offrir d’Ipod. Cette nouvelle musique “à textes”, c’est la nouvelle Muzak. Funky aux heures de pointe, et papy le soir.
La STIB diffuse simultanément la même playlist dans chaque station bruxelloise. Amateurs de musique classique, attendez que le soir tombe pour prendre le tram. Au risque de vous décevoir, sachez que Mozart est là autant pour la beauté de son œuvre que pour son effet calmant, pour ne pas dire soporifique. Amateurs du « hit parade », des années 80 et 90, profitez des heures d’affluence pour attendre le métro, pas forcément pour le prendre. Au pire, si les portes des trams se ferment devant vous (la politesse vous ayant interdit de pousser votre prochain pour vous faire une place), vous profiterez un peu plus longtemps de Johnny.
Pour Cindy Arents, porte-parole de la STIB : “même s’il est impossible de plaire à tout le monde en matière de musique, les goûts et les couleurs ne se discutent pas” .
D’ailleurs, y’aura une playlist à la mort de Johnny ? Y’a bien une playlist Saint-Valentin (voilà les gars, c’est moins cher que le resto), Noël, Eurovision (oui, ils ont osé) et Star Wars… alors, pourquoi pas ? Il y a même certains artistes, qui, de leur vivant, passent des partenariats avec la STIB pour le lancement de leur album.
Il reste cependant une question qui m’obsède et me tourmente : si les gens se mettent à danser sur la musique dans les stations de métro, la STIB devra-t-elle payer une taxe danse pour chacun d’eux ?