A l’entrée du cinéma Nova, ce mercredi 12 novembre 2014, une centaine de personnes se sont donné rendez-vous pour assister à l’une des dernières soirées du Pink Screens festival, organisé par l’asbl Genres d’à côté. Dans l’air, un parfum d’habitude se mélange à l’excitation de la nouveauté. Ce soir, comme durant dix jours, peu importe la sexualité que vous avez, le but est que vous en découvriez de nouvelles. Au moins l’un de vos préjugés doit être terrassé, du moins remis en cause.
Œuvre d’une importante équipe de bénévoles, le Pink Screens est devenu une institution : depuis treize ans, l’équipe a beaucoup évolué. Chacun possède un rôle précis et chaque décision est prise en collectivité, « contrairement à d’autres festivals », remarque Soizic Dubot, programmatrice. « On essaie d’avoir une vue globale pour veiller à un certain équilibre. »
Un écran rose de revendications
Au-delà des contraintes techniques qu’une telle organisation engendre – la programmation est répartie entre deux cinémas – le plus difficile semble être le choix des films à proposer. En 2014, le festival choisit comme thème la réalité homosexuelle italienne mais l’offre englobe des travaux d’auteurs provenant de l’ensemble du continent.
Le message est clair : l’identité (sexuelle ou socio-culturelle) est moins un diktat qu’un état de fait, l’acceptation dans un groupe compte moins que l’individu unique et spécial, le déjà-vu moins que l’imprévu. « On veille à proposer des films faciles d’accès et des films plus pointus, dérangeants, qui vont plus loin… ce qui permet à tous de cheminer dans la programmation, résume Soizic Dupot. Chacun peut être bousculé à son niveau, à sa place, en fonction de son parcours. »
Interview de Soizic Dupot :
« Le cinéma nous a menti »
La réalisateur Gianni Gatti a tenu à être présent : « Ce festival nous permet de bénéficier d’une audience belge et particulière. Je veux pouvoir en discuter après avec les spectateurs. » La diégèse de son film, Gli Uraniani, met en lumière des protagonistes homosexuels des années 1930, un anachronisme : « Le cinéma reniait cette partie bien présente de la population. On joue sur des préjugés de l’époque pour faire ressortir un angle politique. » Selon lui, le 7e art a changé de rôle.
Entre deux projections, l’ambiance s’est aussi confirmée au bar, où une exposition photo recouvre les murs. A peine remis de ses émotions, le spectateur intéressé n’a que trente minutes pour déguster une bière et discuter genres. S’il désire faire la fête, rendez-vous le lendemain pour une soirée survoltée.