Organisée à la maison ABC de Schaerbeek, la toute première édition des Apéros de la Poésie – Poésie Box est conçue de A à Z par des étudiants de l’IHECS, section ASCEP (Animation Socio-Culturelle et Éducation Permanente). Elle leur permet d’acquérir de l’expérience dans leur futur secteur.
C’est la première fois que l’ASBL Midis de la Poésie, qui existe depuis 69 ans, collabore avec des étudiants. La directrice, Mélanie Godin, nous parle avec son enthousiasme et sa bonne humeur naturelle de cette collaboration : « Laisser les jeunes gérer l’organisation de cet événement me permet de rester connectée à la réalité, à ce que les jeunes pensent de la poésie pour savoir ce qui les touche ».
Cette particularité organisationnelle entraîne inévitablement un changement horaire. En effet, les projets organisés par l’ASBL commencent habituellement à 12h40. La Poésie Box se démarque vraiment des autres en commençant à 18h. Ce qui veut dire que le public cible n’est plus le même. « À cette heure-là, les personnes plus âgées ne bougent plus et les spectateurs seront donc plus jeunes qu’à l’accoutumée »
Carte blanche, ou presque
Les étudiants ont obtenu la superbe opportunité de donner libre cours à leur imagination, de proposer ce que bon leur semblait : installations artistiques, modules poétiques et performances scéniques. Les professeurs et Mélanie se sont contentés de les encadrer, de les conseiller et de les guider. Ils disposent de la salle entière pour monter chaque projet mais il n’y a pas de trajet défini. Cependant, même si les projets sont indépendants les uns des autres, Maria et Alison, deux étudiantes, nous assurent qu’ils ont été pensés pour qu’ils s’enrichissent mutuellement.
Mélanie Godin est très satisfaite de ce groupe. « C’est intéressant d’observer qu’on peut y retrouver tous types de profils. Il y a de très bons artistes parmi eux et ceux qui le sont moins gèrent la communication, la logistique et l’organisation ». Cette présence d’artistes dans le groupe rassure. Effectivement, les étudiants vont recevoir quelques invités ce jeudi soir mais grâce aux poètes en herbe, il ne risque pas d’y avoir de contraste entre les travaux étudiants et ceux des « professionnels ».
Qu’est-ce que la poésie ?
La directrice de l’association n’a pas de définition précise de la poésie. Après avoir demandé un joker à sa collègue, elle s’essaye finalement à l’exercice sans trop de difficulté. Selon elle, la poésie est l’essence de la littérature. Il arrive qu’on lise une phrase si bien écrite, que celle-ci nous accompagne toute la vie. La poésie utile, la poésie intimiste, la poésie violente, l’érotique… Tous ces types de poésie cohabitent sans pour autant être antinomiques.
La question a également été posée à l’une des étudiantes, Alison. « À l’école, j’étais dans une section littéraire. Donc je ne connaissais que la poésie très classique. Après avoir travaillé sur ce projet, j’ai compris que la poésie ne vivait pas exclusivement à travers les textes écrits, parfois barbants. Il y en a dans la musique, dans la beauté des corps, dans celle du langage, dans les sonorités, etc. Ma perception de la poésie a totalement changé ». Elle espère que cet événement pourra transmettre aux spectateurs ce côté de la poésie qu’elle a découvert.
Donner une seconde peau aux vers
Et c’est exactement le but de Poésie Box. « Quand tu demandes, aujourd’hui, à un jeune s’il connaît le nom d’un poète, soit il répondra non, soit il dira oui : Baudelaire ou Rimbaud. C’est toujours les deux qui sortent. Mais si tu leur demandes un poète vivant, alors là c’est terminé. Tu as encore moins de chance qu’il donne le nom d’un poète belge ». Selon Mélanie, il y a donc un problème de circulation de ce qui se fait en Belgique et dans le genre de la poésie en général.
Un autre problème que Mélanie a relevé est cette vision paradoxale que l’on en a. Pour elle, la poésie est mal considérée car vue comme élitiste mais, en parallèle, dès qu’on parle de quelque chose de beau et esthétique, on utilise l’adjectif « poétique ». La directrice tient beaucoup à travailler avec des jeunes. D’ailleurs, elle organise, par exemple, des événements de slam et autres genres de poésie plus contemporains. L’esprit est de réellement pousser à faire un pas dénué de préjugés vers la poésie.
C’est pour ces raisons qu’elle a décidé de garder cet événement gratuit : elle a le désir de rendre la poésie plus populaire et accessible. Cela se sent indéniablement dans la passion et l’énergie avec lesquelles elle en parle. La gratuité rejoint un autre objectif des Midis de la Poésie : ne pas rester mainstream et faire découvrir de nouveaux auteurs.
Traversée
Il s’agit de l’un des projets réalisés pour la soirée de la Poésie Box. Laurence Vielle, poète nationale, a offert un de ses poèmes à Maria. Cette dernière en a fait traduire une partie par huit autres poètes, chacun ayant une langue maternelle, une sensibilité et une culture différentes. Ce poème a donc été décliné en turc, anglais, néerlandais, arabe… L’objectif recherché étant de mettre en avant la beauté de la multiculturalité et du multilinguisme à Bruxelles, celle de la sonorité d’une langue. L’étudiante termine : « C’est la force du projet parce que c’est ça Bruxelles ! C’est ce concept de marcher dans les rues de ton quartier et d’entendre huit langues différentes. »
Plus d’infos :
Quand : 24/11 à 18h
Où : Maison ABC (Place Gaucheret, 13 1030 Schaerbeek – Bruxelles)
Prix : Gratuit
Comptes Facebook, Twitter et Instagram des Midis de la Poésie
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