Suite au succès du documentaire Demain et son chapitre sur la permaculture, je voulais voir ce qui était fait en Belgique. J’ai donc pris contact avec Vianney Janssens, qui a lancé son projet il y a deux ans à Walhain-Saint-Paul, dans la province du Brabant wallon. Il est également apiculteur, c’est pourquoi il a appelé son projet Terre de Miel.
Ce jeune agriculteur pratiquait déjà la permaculture depuis un an lors de la sortie du film et ce n’est pas ce qui l’a lancé dans l’aventure. Cependant, cela l’a conforté dans ses choix. Au niveau de la clientèle, elle n’a pas spécialement augmenté, mais elle est par contre plus au courant de ce qu’il fait ; le documentaire a permis à son entourage de mieux comprendre son métier.
200 plantes dans le jardin de Vianney
Le principe de la permaculture, c’est de produire un maximum sur une petite surface, dans le respect de la nature, de la biodiversité et en améliorant l’environnement. On favorise l’association de plantes, de légumes, de zones non-cultivées et de refuges pour animaux. Vianney travaille sur 50 ares. On y retrouve 200 variétés de plantes, dont la moitié sont des légumes et l’autre, des fleurs. Tout a un rôle : des orties fortes en azote servent d’engrais, des fleurs font fuir les limaces, et des poules qui sont mises en liberté l’hiver pour gratter le sol et manger les oeufs de limaces et autres parasites. Vianney entretient ses possessions sans l’aide de machines. Les cultures ne demandent presque pas d’eau, sauf les plantations dans les serres ou en cas de forte sècheresse. Il produit également ses propres semences.
« C’est un peu une jungle, mais une jungle organisée »
Il explique que, par curiosité, il s’est rendu à la ferme du Bec Hellouin, illustrée dans le documentaire Demain. Même si le principe est semblable, celle-ci n’a pas la même approche. Vianney produit sur 50 ares, tandis que la ferme produit un maximum sur 10 ares. Là-bas, tout est calculé est soigné. Il y a assez bien de main d’oeuvre grâce aux personnes qui suivent les formations. Lui est seul et doit s’occuper du marketing, des livraisons, du jardin et des ruches. Il laisse dès lors beaucoup la nature faire, par manque de temps.
La permaculture, une affaire de temps…
En parlant avec lui, on se rend tout de suite compte qu’on ne peut pas faire de la permaculture comme ça, du jour au lendemain. Avant de se lancer, il faut savoir ce que cela implique. Vianney a d’abord étudié l’agronomie à l’Institut Provincial d’Enseignement Agronomique de la Reid, et a ensuite suivi une formation à la ferme Arc-en-Ciel, sans oublier tous les bouquins qu’il a lus sur le sujet.
Dans la permaculture, il est nécessaire d’avoir beaucoup de patience, car la rentabilité à long terme ne vient que plus tard : la ferme du Bec Hellouin a quant à elle mis une dizaine d’années pour arriver où elle en est aujourd’hui. Il faut également être prêt à investir. Les frais servent non seulement à la création du jardin, mais également pour toute l’administration. Les petits producteurs ne sont pas vraiment encouragés, il doivent déjà cotiser pour la promotion des produits wallons. Mais en plus, ils devront dépenser une fortune pour avoir le label bio, ce que Vianney a décidé de ne pas faire. Mais en a-t-il besoin ? Il suffit d’un regard à son jardin pour comprendre qu’il fait de la culture biologique.
… et de moyens
Ne pas être père de famille aiderait, selon lui, à ne pas avoir la pression des bouches à nourrir. A court terme, lors du lancement, la permaculture ne permet pas de subvenir aux moyens d’une famille. Des mots durs qui sont à remettre en perspective. Il n’y a pas de salaire chaque mois, pas plus de financement des banques qui refusent de prêter à une personne dont les revenus sont incertains. Mais, à plus long terme, une bonne rentabilité plus fiable devrait être atteinte.
A priori, pas de “boom des maraîchers” suite au film Demain donc.
Cependant, si on est passionné par ce métier, le jeu en vaut la chandelle. A l’origine, le projet à Walhain-Saint-Paul était un test ; Vianney voulait tout d’abord s’essayer à la tâche sans perspective sûre d’avenir, mais il a adopté la pratique qui est devenue une passion. A tel point qu’il doit parfois s’imposer des pauses pour entretenir une vie sociale et pouvoir se reposer. Il voit plus grand pour la suite, peut-être en s’achetant un terrain dans un environnement plus favorable.
bravo cher Vianney pour ce reportage fort intéressant et expliquant bien tes activités.Je pense que tu ne dors pas beaucoup…Quelle belle réalisation.Tu es bien courageux.Je suis fier de toi..
Bonne continuation Je t’embrasse Bon-Papa B.